29 mars 2024

leun2trois.com

Comprendre pour informer pour rendre compte de ce qui se passe dans le monde

Tanzanie les Massaïs chassés de leurs terres

Tanzanie les Massaïs chassés de leurs terres

Tanzanie, les Massaïs chassés de leurs terres

Dans le nord de la Tanzanie, plus de 20 000 Massaïs ont été expulsés de leurs terres pour créer une zone de chasse réservée au prince héritier de l’émirat de Dubaï. Lorsqu’ils ont voulu protester, les forces de l’ordre tanzaniennes leur ont tiré dessus.

C’est un peuple légendaire d’Afrique de l’Est, détenteur d’une culture ancestrale. Des bergers et des éleveurs semi-nomades, qui ont toujours vécu en harmonie avec la nature et la faune sauvage. Aujourd’hui, les Massaïs n’ont plus le droit de pénétrer sur des terres qui leur appartenaient depuis des siècles. A l’extrémité est du parc national de Serengeti, dans le nord de la Tanzanie, 450 bornes blanches ont fait leur apparition en juin 2022. Ces bornes numérotées, qu’il est interdit de franchir, ont-elles été posées dans le but de délimiter une réserve destinée à préserver la faune, comme le prétend le gouvernement tanzanien ? Ou bien ne s’agirait-il pas plutôt de protéger un terrain de jeu pour têtes couronnées ?

Deux parcelles de 1 500 kilomètres carrés exclusivement réservées à la famille royale de l’émirat sont devenues la réserve de chasse du prince héritier. Ce dernier a beau afficher sur YouTube son amour pour la Tanzanie et les Massaïs, sa passion pour la chasse a déjà provoqué l’expulsion de 20 000 de ces autochtones. Leurs maisons ont été démolies et leurs troupeaux ne peuvent plus y paître. Pour privatiser cette parcelle de Tanzanie, les autorités auraient perçu de l’émirat de Dubaï 2 millions de dollars, selon le journal The EastAfrican

Une manifestation réprimée dans le sang

Le 10 juin 2022, des manifestants massaïs ont tenté de protester en enlevant les bornes, mais les forces de l’ordre tanzaniennes leur ont tiré dessus. “Le gouvernement a utilisé de manière disproportionnée la force. Il a fait appel à l’armée contre des gens innocents, qui pourtant vivaient de plein droit dans leurs villages. Ce gouvernement ne respecte pas les principes démocratiques“, juge Samwel Nangiria, leader d’une communauté massaï qui œuvre pour protéger le droit à la terre de son peuple. Après treize arrestations, ce militant fait partie des 2 000 Massaïs qui ont préféré s’exiler au Kenya.

“On dirait un gouvernement colonialiste qui nous traite comme des citoyens de seconde zone. Le conflit sur la réserve de chasse devrait se résoudre autour d’une table. Mais à la place, on assiste à une sorte de guerre civile.”Samwel Nangiria, militant massaï, dans “Envoyé spécial”

Au cours de l’affrontement, deux personnes, un policier et un Massaï, ont été tuées, et trente autres grièvement blessées. Vingt-quatre leaders massaïs ont été emprisonnés.