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Robert Badinter est mort à 95 ans

Mort de Robert Badinter : les présidents de l’Assemblée et du Sénat saluent la mémoire d’un « défenseur des causes justes »

La vision intangible, universelle, des droits de l’homme que portait le garde des sceaux de François Mitterrand a imprégné jusqu’au bout ses écrits et ses prises de position. Robert Badinter est mort, dans la nuit du 8 au 9 février, à l’âge de 95 ans.

« Il était une figure du siècle, une conscience républicaine, l’esprit français », a écrit Emmanuel Macron, après la mort, à l’âge de 95 ans, du ministre de la justice de François Mitterrand et artisan de l’abolition de la peine de mort en France. « Un hommage national lui sera rendu », a annoncé le chef de l’Etat.

« Si vous le coupez en deux, cela ne dissuadera personne » : la plaidoirie de Robert Badinter au procès de Patrick Henry contre la peine de mort.

Devant la cour d’assises de l’Aube, Robert Badinter a défendu celui qui avait enlevé et tué un garçon de 7 ans. Le Monde republie le compte rendu de la plaidoirie du 20 janvier 1977 que fit l’avocat, pourfendeur de la peine de mort, et disparu dans la nuit de jeudi à vendredi :

[Ce fut l’une des plus célèbres affaires judiciaires de la France des années 1970. Le 30 janvier 1976, à la sortie de l’école de Pont-Sainte-Marie, près de Troyes, Patrick Henry avait enlevé et tué un garçon de 7 ans, Philippe Bertrand. Le procès de Patrick Henry, qui s’ouvrit le 18 janvier 1977 devant la cour d’assises de l’Aube, à Troyes, eut un retentissement considérable. Le 20 janvier 1977, Robert Badinter, l’un de ses deux avocats, prononça une plaidoirie mémorable au cours de laquelle il fit le procès de la peine de mort. Finalement condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Le commandeur est mort. Le vieux monsieur, longue silhouette émaciée par les années qu’un reste de vent menaçait toujours d’emporter, a longtemps marché à pas lents, entre deux colloques, dans les allées de son cher jardin du Luxembourg, qui s’ouvrait sous les fenêtres de son bel appartement de la rue Guynemer. Il y faisait une courte pause pour acheter un bout de réglisse dont il était fort gourmand et qu’on lui servait avec respect.

« Un intellectuel en politique »

Badinter, né le 30 mars 1928 à Paris, grand bourgeois janséniste, « républicain, laïque et juif », et pas toujours commode, a été l’un des ministres les plus haïs de sa génération. Il reste, la poussière du temps retombée, l’incarnation d’une rectitude, celle d’une gauche que l’épreuve du pouvoir n’aurait pas détournée de ses idéaux. Trente ans avocat, presque cinq ans garde des sceaux, neuf ans président du Conseil constitutionnel, seize ans sénateur.

On lui a reproché, non sans raison, d’avoir longuement travaillé à sculpter sa propre statue, mais sans jamais cesser d’être une conscience,

SOURCE : MÉDIAS