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Mohamed Julien Ndao

Comment la crise entre Israël et l’Iran pourrait-elle affecter l’Afrique ?

Dans la soirée du samedi 13 avril, tous les regards se sont tournés vers le Moyen-Orient. Pour la première fois, l’Iran a directement visé Israël avec une pluies de drones armés et de missiles.

Les projectiles qui ont illuminé le ciel de l’Etat hébreux ont été essentiellement intercepté par le système de protection du Dôme de fer selon les autorités israéliennes.

L’Iran a déclaré avoir mené cette attaque en réponse à une frappe aérienne israélienne sur son consulat à Damas le 1er avril, qui a tué des officiers du Corps des gardiens de la révolution islamique.

Cette attaque inédite suscite l’inquiétude au-delà de cette région, notamment en Afrique.

Quelle est la réaction des dirigeants des pays africains ?

Suite à la riposte de la République islamique de l’Iran, plusieurs pays africains ont réagi. Ils appellent à la retenue après l’attaque de l’Iran contre Israël.

L’Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya, la Somalie et plusieurs autres pays africains ont appelé Israël à la retenue, alors que son cabinet de guerre se réunit pour décider s’il doit riposter à une attaque aérienne iranienne sans précédent.

Le ministère sud-africain des relations internationales et de la coopération a déclaré dans un communiqué sur X que « toutes les parties doivent faire preuve de la plus grande retenue et éviter tout acte susceptible d’aggraver les tensions dans une région particulièrement fragile ».

« L’Afrique du Sud a toujours insisté sur le fait que, même si les États estiment que leur recours à la force est légal, il n’est jamais sage de recourir à la guerre car, inévitablement, ce sont les gens ordinaires qui subissent les conséquences des conflits », a ajouté le ministère.

Le président kenyan William Ruto a exhorté Israël « à faire preuve de la plus grande retenue en tenant compte de la nécessité urgente pour toutes les parties de s’éloigner du bord du gouffre au-delà duquel il sera extrêmement difficile de se rétablir ».

Il a déclaré que l’attaque iranienne « représente une menace réelle et actuelle pour la paix et la sécurité internationales ».

La Somalie a appelé « la communauté internationale à prendre des mesures rapides et décisives pour désamorcer la situation et réduire le risque d’un nouveau conflit ».

Le ministère nigérian des affaires étrangères a exhorté Israël et l’Iran à « réfléchir à l’engagement universel en faveur de la résolution pacifique des conflits ».

Ni l’Iran ni Israël n’ont de liens politiques étendus en Afrique subsaharienne, les liens de ce dernier avec les pays de la région étant mis à mal par ses relations tendues avec les pays arabes en général et la question palestinienne en particulier.

Quel est l’impact de l’attaque de l’Iran contre Israël prix du pétrole ?

Les prix du pétrole ont chuté lundi après l’attaque de représailles de l’Iran contre Israël au cours du week-end.

Le baril de Brent, l’un des principaux indices de référence pour les prix du pétrole au niveau international, était en baisse, mais s’échangeait encore à près de 90 dollars lundi matin.

Les prix avaient déjà augmenté dans l’attente d’une action de l’Iran, le Brent ayant atteint son plus haut niveau en six mois la semaine dernière.

Les analystes ont déclaré que les marchés chercheraient à voir comment le conflit pourrait affecter les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Les fluctuations des prix du pétrole peuvent avoir des répercussions dans le monde entier, car les pays dépendent fortement de cette matière première, qui est utilisée pour produire des carburants tels que l’essence et le diesel. Les prix des carburants et de l’énergie ont été l’un des principaux facteurs de l’augmentation du coût de la vie dans le monde au cours des deux dernières années.

Lorsque la Russie a envahi l’Ukraine en 2022, les prix du pétrole ont grimpé à 120 dollars le baril en raison des craintes liées à l’offre, les pays occidentaux ayant imposé des sanctions à la Russie, l’un des principaux exportateurs de pétrole au monde. Cette hausse a entraîné non seulement une augmentation des prix à la pompe, mais aussi de nombreux autres biens, les entreprises ayant ajusté leurs prix pour couvrir les coûts plus élevés.

Selon les analystes, la réaction d’Israël à l’attaque sera déterminante pour les marchés mondiaux dans les jours et les semaines à venir.

Le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, a déclaré que la confrontation avec l’Iran n’était « pas encore terminée ».

À la fin de la semaine dernière, le prix du baril de Brent a atteint 92,18 dollars, son niveau le plus élevé depuis octobre, mais il est retombé lundi à environ 89,70 dollars.

Alors que les prix du pétrole ont légèrement baissé, le prix de l’or a légèrement augmenté, pour s’approcher de ses niveaux les plus élevés, à près de 2400 dollars l’once.

L’or est souvent considéré comme un investissement sûr en période d’incertitude et a connu une forte hausse avant le week-end.

Ce conflit pourrait-il affecter l’Afrique ?

Selon l’expert en pétrole Mohamed Julien Ndao, en l’état actuel des choses, les Etats africains n’ont pas de quoi s’inquiéter car les marchés du pétrole s’attendaient déjà à une riposte de l’Iran.

« Comme la réponse a été mesurée, les prix ont baissé parce que c’était une information qui était déjà située dans le prix », explique M. Ndao. « Les prix continuent de baisser parce qu’on ne s’attend pas à une réponse à une riposte israélienne de nature à mettre en danger le marché », poursuit-il.

Cependant, Mohamed Julien Ndao souligne que l’Afrique sera directement affectée si le conflit venait à dégénérer ou à se généraliser.

« On sera concerné en premier lieu, même si on n’est pas au premier rang parce que nous sommes des pays qui ont un pouvoir d’achat assez modéré », affirme M. Ndao.

« Et si demain les prix du pétrole explosent à cause de ce conflit, comme ce fut le cas entre la Russie et l’Ukraine, vous verrez que les coûts du fret vont augmenter les coûts des marchandises pour arriver chez nous. Vu qu’on importe beaucoup de marchandises vont augmenter, le brut augmentant, les produits pétroliers vont augmenter dans toute la chaîne de valeur », déclare M. Ndao.

Il invite donc les Etats africains de s’impliquer dans la recherche d’une solution diplomatique afin d’éviter que la situation ne s’envenime.

« S’il devait dégénérer, les conséquences que subiront ces Etats seraient assez néfastes », prévient-il.

SOURCE : BBC News et BBC Afrique