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Les pays membres de la CEDEAO

En bleu foncé, les pays membres de la CEDEAO. En bleu clair, les pays dont la participation a été suspendue après un coup d'Etat.

Qu’est-ce que la Cédéao, qui menace d’intervenir au Niger ?

FOCUS – Alors que les putschistes n’ont pas respecté l’ultimatum donné par la Cédéao, l’organisation intergouvernementale a convoqué un sommet extraordinaire jeudi 10 août.

Le compte à rebours imposé par la Cédéao est arrivé à son terme dimanche 6 août. La semaine dernière, une délégation de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avait tenté de négocier avec les putschistes du Niger. En vain. L’organisation intergouvernementale s’était par conséquent dite prête à intervenir contre ceux qui avaient renversé le pouvoir le 26 juillet dernier si le président élu Mohamed Bazoum n’était pas rétabli dans ses fonctions sous sept jours.

L’ultimatum est donc arrivé à échéance dimanche soir. Pour l’heure, les généraux qui ont pris le pouvoir à Niamey n’ont montré aucune volonté de céder la place. Face à cette menace d’intervention, le Niger a fermé son espace aérien jusqu’à nouvel ordre et annoncé que «toute tentative de violation de l’espace aérien» entraînera «une riposte énergique et instantanée». Quelle est cette organisation et comment pourrait-elle intervenir ? Le Figaro fait le point.

Création et principes fondateurs

En 1959, le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Niger ont fondé le Conseil de l’Entente, considéré comme la première union des États de la région de l’Afrique de l’Ouest. Son but ? Favoriser le développement et la paix dans ses États membres. Rejoints par le Nigeria et le Togo, les pays ont souhaité étendre le conseil et proposer une zone d’intégration économique régionale. La Cédéao naît alors le 28 mai 1975, lors d’un traité à Lagos, capitale du Nigeria.

Elle est aujourd’hui composée de 15 pays : le Bénin, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo. La participation de trois États est pour l’heure suspendue à la suite de coups d’État militaires : le Mali, la Guinée (2021) et le Burkina Faso (2022).

Comment la Cédéao peut-elle intervenir ?

Si sa mission est de «promouvoir l’intégration économique dans la région», l’un des principaux projets de la Cédéao est d’instaurer une monnaie unique, surnommée l’éco. Sur le site de l’institution, il est possible de retrouver plusieurs objectifs, dont la libéralisation des échanges, la libre circulation des personnes ou encore l’harmonisation des réglementations. Plusieurs principes fondamentaux sont également énoncés, comme «la promotion et la consolidation d’un système démocratique de gouvernement dans chaque État membre».

La Cédéao, qui avait déjà imposé des sanctions financières et commerciales contre Niamey, avait donné sept jours aux putschistes pour rétablir le président Mohamed Bazoum. «Tous les éléments d’une éventuelle intervention ont été élaborés», avait déclaré le commissaire chargé des Affaires politiques et de la Sécurité, Abdel-Fatau Musah, sans donner plus de précision. «La Cédéao ne va pas dire aux putschistes quand et où nous allons frapper», avait-il ajouté. Des menaces à prendre «très au sérieux», avait commenté Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères, lors d’une interview à France Info.

Ce n’est pas la première fois que la Cédéao intervient militairement. Pour cela, la communauté dispose d’un groupe militaire, surnommé l’Ecomog (Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group), également connu sous le nom des «casques blancs». Cette force armée a été conçue en 1990 lors du déclenchement de la guerre civile au Liberia pour contrôler l’application de cessez-le-feu. D’abord temporaire, le groupe est ensuite devenu rapidement le bras armé de la communauté.

Outre le Libéria, le groupe armé est aussi intervenu en Sierra Leone entre 1997 et 2000, en Guinée-Bissau en 1998, 1999 et en 2012 ou plus récemment en Gambie (2017). Dans le cadre du putsch au Niger, seuls le Sénégal, le Nigeria et la Côte d’Ivoire ont annoncé publiquement, pour le moment, leur volonté d’envoyer des soldats au sein de la force de la Cédéao.

Par Jeanne Sénéchal lefigaro