29 mars 2024

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Le Togo frappe à la porte du Commonwealth

Commonwealth : pourquoi Lomé frappe aussi à la porte du Commonwealth

CANDIDATURE. Après le Gabon, le Togo ? L’Assemblée nationale vient d’exprimer son soutien au processus d’adhésion du pays au Commonwealth.

Mais qu’est-ce qui fait courir les pays francophones vers le Commonwealth ? La question mérite d’être posée alors que le Gabon, pays d’Afrique centrale 100 % francophone, va adhérer cette année à l’organisation du Commonwealth. Le président Ali Bongo Ondimba a justifié ce « tournant géopolitique majeur par la nécessité d’appartenir à un autre espace multiculturel dans un monde globalisé ». En revanche, le pays soutient qu’il reste membre de la Francophonie.

Renouveau historico-politique

Dans tous les cas, sa démarche a inspiré le Togo, petit pays d’Afrique de l’Ouest dont l’Assemblée nationale a autorisé, ce vendredi 22 avril, dans une résolution, le gouvernement à parachever le processus d’adhésion du pays au Commonwealth. « Au nom du peuple togolais, l’Assemblée nationale exprime son soutien au processus d’adhésion du Togo au Commonwealth », peut-on lire dans la résolution de l’institution.

« Il serait souhaitable que le Togo soumette à temps sa candidature officielle. Le secrétariat du Commonwealth a informé notre pays que la dernière consultation pourrait se faire le plus tôt possible de sorte que dès la prochaine réunion du 20 juin, notre pays puisse occuper sa place », a déclaré Christian Trimua, le porte-parole du gouvernement et ministre des Droits de l’homme et des Relations avec les institutions de la République.

Sur le plan politique, le Parlement togolais l’assure, « au-delà de l’ancien héritage politique britannique, elle assure au Togo la reconnaissance internationale d’un renouveau historico-politique ». Tandis que « sur le plan commercial, l’adhésion garantit un vaste marché extérieur pour l’exportation de produits nationaux togolais. Avec le Commonwealth, c’est plus de 2 milliards de consommateurs. »

L’attractivité du Commonwealth

Le Commonwealth, fort d’une cinquantaine de membres, et gigantesque marché de plus de 2 milliards de consommateurs semble avoir gagné ces dernières années en réputation au sein des pays africains, pour son modèle de développement, selon plusieurs analystes. L’exemple qui est souvent cité est le Rwanda, qui a basculé en 2009 dans le Commonwealth et a depuis connu un développement économique fulgurant observé par d’autres États. Mais le processus ne s’est pas fait du jour au lendemain, un débat acharné entre partisans et adversaires de cette entrée du Rwanda – à cause des graves atteintes à la gouvernance et aux droits de l’homme notamment – avait repoussé la décision pendant deux ans. C’était sans compter sur l’activisme du président Paul Kagame, qui n’a pas ménagé ses efforts pour convaincre la grande famille anglophone de l’accueillir dans ses rangs. Anglophone convaincu, le chef d’État rwandais avait fait adopter l’anglais comme langue officielle dans son pays, alors qu’il souhaitait à l’époque tourner le dos à la francophonie et à la sphère d’influence française.

Un processus complexe pour un pays à l’histoire particulière

Depuis 2014, le Togo souhaite intégrer l’organisation que dirige la reine Elizabeth II, en raison de la bonne santé économique des membres de l’organisation. Et aussi parce que cette entrée permettrait au pays de diversifier ses relations d’amitié et de coopération, mais aussi de reconfigurer ses relations avec le Royaume-Uni en dehors de l’Union européenne, estiment des analystes locaux. L’influence de l’anglais dans le monde des affaires, constitue aussi un autre argument stratégique. Concrètement, plusieurs missions d’évaluation se sont rendues à Lomé ces dernières années, afin de s’assurer que le Togo respecte un certain nombre de critères : démocratie, État de droit, liberté de la presse, climat des affaires. Des discussions ont donc été entamées et se poursuivent, mais le processus est complexe.

Seul pays d’Afrique de l’Ouest à n’avoir jamais connu d’alternance politique pacifique, le Togo a aussi une histoire particulière. Le petit État est une ancienne colonie allemande jusqu’à la Première Guerre mondiale. Son territoire sera ensuite partagé entre les alliés, amputé d’une partie, à l’Ouest, confiée aux Britanniques alors que les Français conserveront l’autre partie aujourd’hui connue sous le nom de Togo. Le Togo dit « britannique » sera intégré à la Gold Coast voisine, l’actuel Ghana et la partie française deviendra indépendante le 27 avril 1960.

Par Le Point Afrique