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Le président du Tchad Idriss Déby Itno

Cinq choses à savoir sur le Tchad qui organise une présidentielle jouée d’avance

La réélection d’Idriss Déby Itno au pouvoir depuis 1990 ne fait aucun doute.

Les électeurs tchadiens votent le 11 avril 2021 pour le premier tour de l’élection présidentielle. Le chef de l’Etat sortant, Idriss Déby Itno, 68 ans, brigue un 6e mandat et sa victoire est assurée. Cette élection est l’occasion d’en savoir plus sur l’un des plus grands pays d’Afrique.

1 Un pays du Sahel

Le Tchad est un pays d’Afrique centrale qui fait plus de deux fois la taille de la France, avec près de 16 millions d’habitants. Situé dans le Sahel, il est entouré de cinq pays et se situe dans la région dite du lac Tchad, l’une des plus instables au monde. Ainsi, le Tchad fait face à de nombreux défis, sécuritaires d’abord, en raison des conflits avoisinants, et environnementaux aussi avec l’accélération de la désertification. Indépendant depuis 1960, le pays est dirigé d’une main de fer depuis plus de trente par le même homme, Idriss Déby Itno.

2 Un président-maréchal

Arrivé à la tête de l’Etat par la force des armes en 1990, Idriss Déby Itno ne lâche plus le pouvoir. L’ancien rebelle et militaire de carrière s’entoure des membres de son ethnie Zaghawa, écarte ses rivaux politiques et se fait élire lors de scrutins contestés. Récemment élevé au rang de maréchal, Idriss Déby Itno, se présente comme “le candidat du consensus”. 

A l’instar de bien d’autres dirigeants africains, il a obtenu une révision de la Constitution qui lui permet de rester aux commandes jusqu’en 2033 en cas de réélection. Il brigue un sixième mandat qu’il est sûr de remporter face à six candidats qui sont pour la plupart d’anciens caciques du régime…

3 Une opposition marginalisée

L’opposition existe, mais sa marge de manœuvre est fortement réduite. Les manifestations sont systématiquement interdites et les voix réclamant l’alternance politique ou la justice sociale sont étouffées. Les arrestations arbitraires se multiplient également en période électorale. Dans ce contexte, le chef de file historique de l’opposition, Saleh Kebzabo, s’est retiré de la course en dénonçant un climat d’insécurité” et une campagne “militarisée”. Il parle de dictature et appelle au boycott du scrutin.

D’autres opposants ont vu leur candidature invalidée ou ont simplement décidé de ne plus participer à l’élection. L’Assemblée nationale est dominée depuis dix ans par le parti au pouvoir qui a déjà reporté plusieurs fois le scrutin législatif.

4 Déby, l’allié incontournable

On l’aura bien compris, le Tchad n’est pas un modèle de démocratie. Mais pour les pays occidentaux, notamment la France, la priorité est à la stabilité dans une région secouée par le terrorisme et la multiplication de groupes armés jihadistes. Idriss Déby Itno, qui s’est toujours posé en rempart face à l’islam radical, a su s’imposer au fil des années comme un allié incontournable contre les jihadistes au Sahel.

En 2013, l’armée tchadienne a participé à l’opération Serval aux côtés de la France pour stopper l’offensive islamiste au Mali. Puissante et bien équipée, elle est aujourd’hui encore un élément capital au sein du groupe du G5-Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) pouvant réellement apporter un soutien à l’opération Barkhane au Sahel.

5 Et le développement dans tout ça ?

A force de brandir très haut le slogan de “la stabilité, la sécurité et la paix”, le président Idriss Déby semble avoir délaissé le développement du pays. Santé, éducation, infrastructures… le Tchad est resté pauvre. C’est le dernier pays dans le classement de l’Indice du capital humain de la Banque mondiale. Les autorités tchadiennes s’étaient pourtant engagées à affecter 70% des revenus pétroliers à la réduction de la pauvreté et à un fonds pour les générations futures. Mais les recettes pétrolières ont largement été injectées dans l’équipement militaire, privant d’autant le pays de cette manne.

Sans oublier les affaires de corruption et de détournements de fonds publics. Lorsqu’il s’est emparé du pouvoir en décembre 1990, Idriss Déby Itno avait notamment déclaré : “Je ne vous ai apporté ni or, ni argent, mais la liberté et la démocratie.” Les Tchadiens attendent toujours.

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