28 avril 2024

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Guerre en Ukraine le difficile exode des étudiants africains

Chanelle, originaire du Congo, a fui Odessa et la guerre. En Pologne, le 27 février 2022. FLORIAN RAINER POUR « LE MONDE »

Guerre en Ukraine : des Africains empêchés de traverser la frontière polonaise

De plus en plus de rapports citent des citoyens africains empêchés de traverser la frontière ukrainienne.

Alors que le flux de personnes fuyant l’Ukraine suite à l’invasion russe ne montre aucun signe de ralentissement, le gouvernement nigérian s’est dit préoccupé par les informations faisant état de comportements discriminatoires de la part des gardes-frontières ukrainiens et polonais à l’encontre des Africains.

“Il y a eu des rapports malheureux de la police ukrainienne et du personnel de sécurité refusant d’autoriser les Nigérians à monter à bord des bus et des trains en direction de la frontière ukraino-polonaise”, lit-on dans un communiqué publié jeudi par la présidence nigériane.

La présidence a également cité une vidéo qui a été largement partagée sur les réseaux sociaux montrant une femme nigériane avec son jeune bébé obligée de céder sa place à une autre personne.

“Un groupe d’étudiants nigérians s’étant vu refuser à plusieurs reprises l’entrée en Pologne a conclu qu’il n’avait d’autre choix que de voyager à nouveau à travers l’Ukraine et de tenter de quitter le pays par la frontière avec la Hongrie”, lit-on dans le communiqué.

Témoignage d’un étudiant Ivoirien

Pendant ce temps, l’ambassadrice de Pologne au Nigeria, Joanna Tarnawska, a rejeté les allégations de traitement injuste. “Tout le monde reçoit un traitement égal”, a-t-elle déclaré aux journalistes nigérians. “Je peux vous assurer que j’ai des informations selon lesquelles certains ressortissants nigérians ont déjà traversé la frontière avec la Pologne.”

« C’était un cauchemar, franchement, les policiers n’ont pas du tout été sympas avec les étrangers, surtout les Noirs ; ça nous insultait de tous les noms, ça braquait les armes sur nous, ça nous bousculait », rapporte-t-elle au téléphone Theresia Kabimyama était étudiante en ingénierie à Odessa.

Hervé Offou, un étudiant ivoirien en médecine à Dnipro, une ville de l’est de l’Ukraine, vient d’en faire l’amère expérience. A Lviv où il venait d’arriver, alors qu’il voulait prendre le train avec d’autres étrangers, un policier s’est énervé : « Enlevez les singes d’ici », s’est écrié l’agent, selon le récit de l’étudiant qui assure avoir failli en venir aux mains.

« Choquant et raciste »

« Là aussi les étrangers sont mis à l’écart. Personne ne s’approche de nous, c’est difficile », relate Davy, un ami ivoirien d’Hervé. Kader Niekiema, un étudiant burkinabé de 28 ans à l’université de Lviv, a vécu la même situation, cette fois à la frontière avec la Hongrie. « Il y avait deux files, une pour les Européens, l’autre pour les Africains, c’était la panique, les gardes-frontières ukrainiens nous ont insultés et repoussés, ça a failli dégénérer », raconte le jeune homme par téléphone.

Face à la multiplication de ce type de témoignages, l’Union africaine (UA) a publié lundi un communiqué en forme de mise en garde. Appliquer un « traitement différent inacceptable » aux Africains serait « choquant et raciste » et « violerait le droit international », ont souligné le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’institution, et le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat.

« Il est primordial que chacun soit traité avec dignité et sans favoritisme », avait déjà réclamé la veille Garba Shehu, un porte-parole de la présidence nigériane

En Afrique du Sud également, les autorités ont haussé le ton. Le ministère des affaires étrangères affirme avoir reçu des témoignages et des vidéos montrant des Sud-Africains et plus généralement des Africains placés dans des files séparées des Ukrainiens et des Européens aux postes-frontières. « Ils ont été poussés, bousculés et parfois mis en joue pendant que les soldats ukrainiens leur disaient que la priorité était donnée aux femmes et aux enfants ukrainiens et européens », explique le porte-parole du ministère, Clayson Monyela.

« Chaos » suscité par l’éclatement de la guerre

Présent sur place, l’ambassadeur sud-africain en Ukraine, Andre Groenewald, a contacté le ministère ukrainien des affaires étrangères pour s’insurger. « Si c’est ainsi que doivent être traités les Africains, nous nous en souviendrons après le conflit », dénonce M. Monyela qui ajoute que « la situation s’est légèrement améliorée » depuis les protestations sud-africaines.

SOURCE : infomigrants.net