29 avril 2024

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L'ex-Premier ministre Pakistanais Imran Khan

Pakistan : l’ex-Premier ministre Imran Khan condamné pour corruption et arrêté

L’ancien premier ministre pakistanais Imran Khan a été arrêté et condamné à trois ans de prison samedi pour corruption, une décision qui devrait l’empêcher de participer aux élections prévues cette année.

“Sa malhonnêteté a été établie sans aucun doute possible”, a écrit le juge dans une décision consultée par l’AFP. “Il a été reconnu coupable de pratiques corrompues en cachant les bénéfices qu’il a tirés du Trésor public de manière délibérée et intentionnelle”, ajoute-t-il.

M. Khan est notamment accusé d’avoir reçu, lorsqu’il était au pouvoir, des cadeaux dont il a sous-estimé la valeur avant de les revendre au prix fort.

Imran Khan, chassé du pouvoir par une motion de censure en avril 2022, n’était pas présent à l’audience, mais a été arrêté aussitôt après à son domicile de Lahore par la police. Il été incarcéré à Attock, une ville fortifiée située à environ 60 kilomètres d’Islamabad, a rapporté la télévision d’Etat.

Toute personne condamnée pour une infraction pénale est généralement exclue des élections ou de l’exercice d’une fonction, or M. Khan estime que le gouvernement cherche à l’écarter des élections nationales prévues d’ici à la fin de l’année.

Sa défense a annoncé son intention de faire appel.

Dans une vidéo enregistrée avant son arrestation et diffusée samedi sur les réseaux sociaux, l’ex-Premier ministre, ancienne star de cricket reconvertie dans la politique, a exhorté ses partisans à “protester pacifiquement”.

“Je n’ai qu’une demande et un appel à formuler: ne restez pas silencieux chez vous”. “Il s’agit d’une guerre pour la justice, pour vos droits, pour votre liberté… Les chaînes ne tombent pas d’elles-mêmes, il faut les briser. Vous devez continuer à protester pacifiquement jusqu’à ce que vous obteniez vos droits”, y déclare-t-il.

De petites manifestations éparses de ses partisans ont éclaté dans tout le pays à l’annonce du jugement.

Pas la première fois

Les images de l’homme politique ou même la mention de son nom n’ont pas le droit d’être diffusées à la télévision, mais Imran Khan s’est tourné vers les réseaux sociaux pour atteindre ses millions de partisans.

“Un voleur a été arrêté aujourd’hui”, a déclaré la porte-parole du gouvernement, Marriyum Aurangzeb. “Toute négociation avec le voleur sera difficile, car il sera en prison”, a-t-elle souligné.

Jusqu’ici leader du parti Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), Imran Khan fait l’objet de plus de 150 poursuites judiciaires depuis son éviction du pouvoir.

Un porte-parole du PTI a déclaré que le parti serait dirigé par son vice-président et ancien ministre des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi.

Ce n’est pas la première fois que M. Khan est arrêté. Le 9 mai, il avait été placé sous écrou pour corruption, puis remis en liberté trois jours plus tard.

Des affrontements qui avaient fait au moins neuf morts avaient éclaté entre les forces de l’ordre et ses partisans.

À la suite de sa libération, le PTI a été la cible d’une campagne de répression avec des milliers d’arrestations, des actes d’intimidation et le musellement de la presse.

Crédibilité 

Le Parlement sera probablement dissous à l’issue de son mandat dans les deux prochaines semaines, les élections devant se tenir à la mi-novembre ou plus tôt.

“Tout le monde se posera des questions sur la crédibilité des élections en l’absence du PTI et d’Imran Khan”, a souligné auprès de l’AFP l’analyste politique Hasan Askari.

Son arrestation ne devrait pas contribuer à ramener le calme dans le pays en proie à une grave crise économique et politique.

M. Khan a accédé au pouvoir en 2018 grâce à une vague de soutien populaire, à un manifeste anti-corruption et au soutien de la puissante armée pakistanaise.

Lorsqu’il a été évincé, les analystes ont expliqué que c’était parce qu’il avait perdu le soutien des principaux généraux.

Après son éviction, M. Khan avait d’ailleurs émis des critiques sans précédent contre l’armée.

Il a plusieurs fois accusé un officier supérieur d’avoir comploté pour l’assassiner en novembre lors d’un meeting électoral, où il avait été blessé par balle à une jambe.

Les critiques directes à l’encontre de l’armée sont rares au Pakistan, car considérées comme une ligne rouge à ne pas dépasser, au risque de se retrouver dans le viseur de l’appareil sécuritaire.

publié le 5 août à 17h21, AFP