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hommage à Hamed Bakayoko

CHRONIQUE DE JEAN-BAPTISTE PLACCA RFI

La Côte d’Ivoire prépare son hommage à Hamed Bakayoko

HOMMAGE. La dépouille du Premier ministre a été accueillie samedi 13 mars à l’aéroport d’Abidjan par le président Ouattara et la famille du défunt.

La dépouille du Premier ministre de Côte d’Ivoire, Hamed Bakayoko, décédé mercredi à l’âge de 56 ans dans un hôpital en Allemagne des suites d’un cancer, est arrivée samedi à Abidjan. 

C’est un pilier du régime d’Alassane Ouattara qui s’en est allé, foudroyé par un cancer fulgurant. Hamed Bakayoko, qui a eu 56 ans le 8 mars dernier, avait été évacué le 18 février dernier à l’hôpital américain de Neuilly, avant d’être transféré en Allemagne, alors que son état de santé s’était détérioré.

Son décès a été annoncé ce mercredi 10 mars par un communiqué lu à la télévision publique, la RTI. Autodidacte, surnommé « Golden Boy » pour ses réussites en affaires, bon vivant, populaire auprès des Ivoiriens de tous bords, Hamed Bakayoko n’avait pas, a priori, les atouts pour entrer dans le cercle le plus proche d’Alassane Ouattara.

L’arrivée de la dépouille de Hamed Bakayoko à Abidjan samedi 13 mars.© SIA KAMBOU / AFP

Le président ivoirien Alassane Ouattara, sanglé dans un ensemble costume sombre, coiffé d’un chapeau melon noir, a accueilli en milieu d’après-midi à l’aéroport international Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan, le cercueil recouvert du drapeau national orange-blanc-vert. Quelques instants après, le chef de l’État, entouré de son épouse Dominique, de la veuve Yolande Bakayoko et des enfants du défunt, s’est incliné sur le cercueil en y posant ses mains pendant un long moment.

Quoi qu’il en soit, dernièrement, ce n’est qu’après son séjour à Paris le 3 mars que le chef de l’État s’est résigné à nommer, lundi 8 mars, Patrick Achi, secrétaire général de la présidence, à la primature, et Tené Birahima Ouattara, son frère cadet responsable des Affaires présidentielles, à la Défense. 

Un parcours atypique qui prend racine dans le militantisme

Hamed Bakayoko est né dans le quartier d’Habitat-Extension, dans la commune d’Adjamé. Sa famille est pieuse et conservatrice, descendante d’érudits musulmans connus de la famille d’El-Hadji Moussa Bakayoko, celui-là même qui, selon la légende, fonda la ville de Koro, dans le nord-ouest de la Côte d’Ivoire. Élevé par son père veuf avec son frère et ses deux sœurs, Hamed Bakayoko part dès la fin du lycée pour le Burkina Faso afin d’y étudier la médecine. Il n’ira pas au bout car, à Ouaga, ce mélomane, amoureux des rythmes ivoiriens et habitué des clubs, s’éveille à la politique, découvre Thomas Sankara et les discours de lutte.

La longue ascension politique d’un rassembleur

Son ascension politique a vraiment commencé dans les années 2000. En 2003, à 38 ans, il était devenu ministre des Télécommunications et des nouvelles technologies, un poste qu’il gardera dans tous les gouvernements d’union nationale, sous le régime de l’ex-président Laurent Gbagbo, qu’il connaît très bien également. Selon son ancien collaborateur au Patriote, Meïté Sindou, c’était « un homme de défi », qui allait « jusqu’au bout » de ses idées.

Marié à la très discrète Yolande Bakayoko – avocate, chrétienne originaire de l’Est, avec laquelle il a eu quatre enfants — franc-maçon et grand maître de la Grande Loge de Côte d’Ivoire, beaucoup voyaient « HamBak », populaire y compris au-delà de son camp, comme un possible successeur au président Ouattara dans l’avenir.

Par Le Point Afrique (avec AFP)