29 mars 2024

leun2trois.com

Comprendre pour informer pour rendre compte de ce qui se passe dans le monde

Le président Denis Sassou N'guesso

Le président Denis Sassou N'guesso l'un des plus influents du continent est l'invité de African Union Journal

Interview : Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo

Le président Denis Sassou N’guesso l’un des plus influents du continent est l’invité de cette édition
spéciale du 35e sommet de l’union Africaine, il partage sa vision du développement du continent, les enjeux stratégiques dans la perspective du sommet Europe-Afrique 2022.


Son plaidoyer à la matérialisation de la zone de libre échange, les infrastructures et l’industrialisation de ‘Afrique.

Bienvenue dans cette interview exclusive de African Union Journal Monsieur le président.

Le thème de ce sommet est renforcer la résilience de la nutrition sur le continent Africain, accélérer le capital humain le développement social et économique.

Quelle réflexion vous inspire ce thème pour l’Afrique pour votre action dans votre pays le Congo en paticulier?

Denis Sassou N’guesso :
Il s’agit d’un terme qui est très important pour l’Afrique, un terme pertinent et l’Afrique doit être en mesure de nourrir ses enfants, assurer leur santé et de former par l’éducation les filles et fils d’Afrique pour qu’ils soient aptent à amener l’Afrique vers le développement.

l’Afrique a des ressources naturelles immenses et s’agissant de l’agriculture l’Afrique a des terres abondantes, l’Afrique a de l’eau, le soleil et les ressources humaines et une population jeune.

Et donc, la capacité de développer l’agriculture au sens large en utilisant sa main d’oeuvre valide. Les jeunes africains au lieu d’aller trouver la mort dans le désert en méditerranée devraient rester en Afrique pour assurer ce développement là.

Et je crois que les dirigeants africains ont déjà pris conscience de cette réalité et dans plusieurs pays d’Afrique , des dispositions sont prises pour que l’Afrique développe l’agriculture et c’est tout un un creuset de main d’oeuvre, des emplois par millions et pour la jeunesse africaine.

Et s’agissant de mon pays, nous venons d’adopter le plan 2022 2026. Le problème de l’agriculture est au centre de ce plan et c’est d’ailleurs le noyau dur de ce plan.

Je crois que au cours de ces cinq prochaines années nous allons mobiliser des ressources importantes et qui seront affectées au développement agricole.

Nous avons déjà commencé et cette année nous pensons que nous atteindrons cet objectif là et nous voyons ici et là en Afrique les dirigeants s’orientent dans cette direction là qui est effectivement la base du développement de l’Afrique, développement de l’agriculture et de l’agro-industrie en Afrique.

Je crois que nous avons espoir.

African Union Journal :

Monsieur le président, l’Afrique vient de traverser la pandémie de convives 19 en faisant preuve d’une très forte résilience et en se redécouvrant des capacités de résistance.

Quelles leçons tirez-vous de ces crises, et quels sont les arguments pour assurer une solide relance économique du continent?

Denis Sassou N’guesso :
Bon au début cette pandémie les oiseaux de mauvais augure avaient annoncé le déclin de l’Afrique et que c’était la catastrophe et ce sont des changements politiques qui devaient se produire en cascade en Afrique, c’était le désastre.

Il est évident que l’Afrique a beaucoup souffert et cette pandémie sur le plan sanitaire,économique et financier. Mais comme vous l’avez dit vous-même les peuples africains oui on fait preuve de résilience face à cette pandémie et il y a eu des confinements, il ya eu des décisions diverses qui ont été prises par les dirigeants et les peuples ont suivi et ont résisté seulement l’Afrique n’est pas seule dans le monde et la folie que partagent cette terre avec d’autres peuples et les peuples des pays qui sont développés plus que l’Afrique.

Malheureusement nous constatons que au moment ou il faut affronter cette pandémie, les pays développés n’affichent pas face à l’Afrique la solidarité attendue.

Certains pays ont déjà vaccinés leur peuple à plus de 70%, l Afrique peine à atteindre même les 10%, d’autres pays réalisent même des stocks de vaccins et le matériel de protection.

Et l’Afrique est laissé pour l’essentiel au bord de la route alors nous pensons que le moment est venu pour que l’Afrique ait pensé à la production et de ses vaccins en Afrique.

Il ya des pays qui ont déjà lancé l’initiative comme l’Afrique du sud, peut-être le Maroc,le Sénégal le Rwanda et d’autres.

Oui il va falloir que l’Afrique produise ses vaccins, pas seulement les vaccins mais que des industries pharmaceutiques soient installées en Afrique.

Cette résolution a déjà été prise au niveau de l’Union Africaine UA, nous allons nous engager mais il y a le fait que sur le plan économique l’Afrique doit aussi sortir de la crise, la crise économique,et financière.

On voit ici et là comme l’Union Européenne, les États ont décidé de mobiliser 750 milliards d’euros pour sortir les pays de l’Union Européenne de la crise.

Les États-Unis d’Amérique peut-être 1900 milliards de dollars pour le même but, mais l’Afrique on a à peine obtenu quelques 33 milliards de dollars de DTS pour toute l’Afrique 33 milliards de DTS.

Et on nous en promet 100 autres milliards et on espère qu’on les aura. Mais il faut que l’Afrique mutualise ses efforts et il faut pouvoir emprunter certainement à des taux concessionnels que nous ne pouvons pas avoir et pourtant l’Afrique pour sortir de cette crise économique a besoin de ces investissements , de ces financements et peut-être des états devraient-ils se mettre ensemble pour tenter de rechercher ces prêts là, peut-être devrions-nous nous mettre ensemble puisque l’Union Européenne les États se sont mis ensemble aussi pour mobiliser les 750 milliards d’euros mais nous n’aurons pas le choix et les peuples
d’Afrique ont fait preuve de résilience mais ils s’organiseront. Jje suis convaincu pour sortir de la situation de crise actuelle.

African Union Journal :
Vous présidez le comité de haut niveau de l’Union Africaine sur la Libye après plusieurs étapes vous avez su ramener les protagonistes à accepter la notion démocratique à travers une élection présidentielle.

Quel bilan faites-vous de votre mission, quelles sont les perspectives de stabilité et d’unité possible pour la Libye au terme de cette élection présidentielle?

Denis Sassou N’guesso :
Bon nous ne sommes pas à l’heure du bilan et la situation Libyenne est une situation complexe. La crise Libyenne est complexe nous venons de faire au sommet une proposition concrète.

Je pense que le sommet prendra une décision pour que cette proposition soit mise en oeuvre, nous pensons que avant les élections générales en Libye nous devrions passer par une conférence de réconciliation inter-libyen sans exclusive.

C’est la proposition que nous venons de faire, nous croyons que les filles et les fils de Libye sont capables de ce sursaut là et se réconcilier se pardonner et de penser
à l’avenir du pays.

c’est la proposition que nous faisons à l’Union Africaine d’organiser à des délais les plus courts une conférence de réconciliation inter-libyenne et je crois que cette conférence si elle se tient avant la tenue d’élections générales en Libye on pourra peut-être connaître quelques avancées.

African Union Journal :
Au Burkina Faso en Guinée au Mali la Démocratique en Afrique vient de subir l’épreuve des coups d’état.
Comment expliquez vous une telle situation, quelles sont les solutions face à ce nouveau challenge et l’évolution institutionnelle et du modèle de transition démocratique dans nos pays ?

Denis Sassou N’guesso :
Je crois que là nous sommes entrain de connaître un recul démocratie en Afrique.c’est un long processus que la Démocratie.

Prenons un exemple en France et là la révolution française s’est posé en 1789. Les femmes en France ont voté je crois après la deuxième guerre mondiale et pourtant durant tout cet temps on a parlé de démocratie de liberté et d’égalité donc c’était un long processus et nous pensons que ce processus va connaître des hauts et des bas.

Je crois que les coups d’état dont vous parlez sont un recul, l’Afrique avait marqué quelques pas en avant mais là on est en train de connaître quelques reculs, mais il faut que l’on surmonte cela et pour poursuivre dans la voie de la Démocratie.

Les pays dont vous parlez sont des pays en crise. Il y a le terrorisme, il ya le terrorisme ,il ya des difficultés ,économiques il ya des difficultés financières justement à cause de ces difficultés là ces pays devraient avoir des institutions fortes en liaison avec des armées organisées et le peuple.

Ils ont besoin de plus d’unité et que des crises comme nous les voyons et qui affaiblissent les capacités de lutte de ces pays face au terrorisme.

Je pense que ce recul va être rapidement surmonté par les peuples de ces pays pour que l’on revienne au processus démocratique des institutions fortes et des armées sur l’idée qu’ils obéissent aux institutions politiques. Il ne peut pas y avoir de confusion avec les institutions politiques.

Il ya les instruments de défense des pays et des peuples, je pense que tout devrait être mise en oeuvre l’Afrique devrait aider ces pays là à revenir à la normale.

African Union Journal :
Monsieur le président le sommet Union Africaine Union Européenne 2022 arrive à une période charnière de la relation de l’Afrique avec l’Europe.
Quelles sont vos attentes sur le plan politique, économique et sociale ?

Denis Sassou N’guesso :
Personnellement j’ai déjà pris part à trois sommets de l’Union Européenne et l’Afrique.
Un c’était à Bruxelles, le deuxième à Lisbonne, le troisième Abidjan et bientôt ce sera le quatrième à Bruxelles.

Au cours de ces sommets on dit presque tout le temps la même chose mais il n’y a pas d’avancée on dira on décrit les mêmes problèmes, on énonce les mêmes principe mais il n’y a pas d’avancée peut-être devions nous faire vraiment le pas décisif, on a vu que même les accords de partenariat économique l’Union Européenne avec l’Afrique patinent.

On n’y arrive pas sommes-nous bloqués par des pesanteurs coloniale et néocoloniale ? c’est possible mais alors il faut sortir de ce carcan et sortir des schémas coloniaux, néocoloniaux pour un réel partenariat entre l’Europe et l’Afrique.

Si l’Afrique était vraiment développée les jeunes africains qui meurent dans le désert de Lybie ou en méditerranée seraient resté en Afrique.

L’Europe n’aurait pas tant eu peur des migrations qui s’étend même au centre des grands débats politiques en Europe.

Certains pays d’Europe sont même en train de mettre des barrières et de construire des murs aux frontières. Les jeunes africains seraient restés en Afrique s’il y avait un réel projet de développement pour l’Afrique.

L’Europe, géographiquement est le continent le plus proche de l’Afrique. Gibralta c’est peut-être à 15 km seulement de l’Europe. Historiquement aussi et même les langues voilà nous en utilisons une , l’histoire et en Europe les pays comme la France l’Italie et le Portugal et l’Espagne et même l’Allemagne ont eu des colonies en Afrique.

C’est une longue histoire alors comment briser cela pour aller vers un réel partenariat aller vers un réel partenariat gagnant gagnant, et je crois que l’Europe a tout à gagner à voir une Afrique développée à ses portes, les échanges que l’Europe réalise avec l’Amérique c’est parce que l’Amérique est très développée les échanges sont très importants, ce sont deux continents développés, les mêmes échanges importants pourraient se faire entre l’Europe et l’Afrique deux continents développés chacun des continents trouverait son compte alors peut-être sortirons-nous du carcan colonial et néocolonial et peut-être arriverons-nous a bâtir un réel partenariat gagnant gagnant entre l’Europe et l’Afrique c’est ce que nous allons voir au prochain sommet.

African Union Journal :
Vous êtes un leader dans le plaidoyer pour la réalisation de la zone de libre-échange continental .
Quelles sont désormais les perspectives pour l’Afrique avec la matérialisation de l’Afrique à la décision prise par l’Union Africaine?

Denis Sassou N’guesso :
La zone de libre échange continental est une décision historique ,stratégique très importante. Je crois que depuis les indépendances non à part les décisions qui avaient été prises pour libérer politiquement le continent c’est peut-être la première décision importante la zone de libre échange.

Alors il va falloir réussir la mise en oeuvre mais comment organiser le commerce intra-Africain en l’absence d’infrastructures de base,d’infrastructures de transport de communication et d’énergie ?

Ce n’est pas possible que l’on organise le commerce dans ces conditions. Il fut un moment le Congo notre pays n’avait aucune communication avec les voisins, pas de communication avec le Gabon ni routes ni chemins de fer ni transport fluvial ni même aérien.

Il y avait même pas d’avion avec le Gabon, la même situation avec le Cameroun ni routes ni chemin de fer ni transport fluvial ni même transport aérien avec la RCA c’est la même chose, peut-être que dieu a donné un fleuve le Bagui mais qui n’est navigable peut-être que six mois sur 12.

La RDC il y a le fleuve congo coupé de tous les voisins quel commerce peut-on organiser dans ces conditions là ?
Ces derniers temps des efforts ont été faits, se poursuivent nous avons réussi une liaison teresse avec le Cameroun.

Une autre liaison teresse avec le Gabon par Franceville on est en train d’en commencer une autre avec le Gabon, et on a le projet avec la RDC c’est la construction du pont route rail sur le fleuve Congo projet très avancé maintenant, le projet de la boucle énergétique avec la RDC production d’électricité
à Pointe-noire, transport de cette électricité via yinga jusqu’aux zones minières du katanga nous venons de le décide.

Nous lançons en ce moment le corridor 13 la construction de la route Brazzaville Bangui Djamena, le projet est en cours,et l’interconnexion télécommunications avec le Gabon, le Cameroun c’est déjà fait avec la RCA c’est déjà fait non sans ces infrastructures de communication je vois pas comment on
pourrait sérieusement lancer la zone de libre-échange continentale Africaine.

Mais comme vous le savez la réalisation de ces infrastructures à un coût considérable voilà où se trouve aussi le problème surtout en Afrique centrale il ya des grands fleuves des forêts des zones inondées quelques montagnes on peut pas imaginer à quel prix on doit réaliser ces infrastructures et pourtant il nous les faut alors comment obtenir des financements concessionnels ?

Voilà comment l’Afrique peut-elle mobiliser des financements pour la réalisation de ces infrastructures qui sont indispensables au développement de la zone de libre échange. Mais c’est un défi et nous sommes condamnés à les relever.

African Union Journal :
Monsieur le président une dernière, le développement de l’Afrique est freiné par son manque d’infrastructures une industrialisation déséquilibrée et une dépendance très forte à l’investissement international.

Comment franchir cet écueil qui entrave une réelle indépendance économique du continent ?

Denis Sassou N’guesso :
Nous venons d’écouter le rapport du Président Nana du Ghana sur la mise en place d’institutions financières africaines.

Nous serons certainement obligé de passer par là, à la mise en place de banques centrales africaines, de banque d’investissement pour l’Afrique.

On dira qu’on a la BAD mais cela n’est pas suffisant. certainement qu’il faut que l’Afrique passe par la mise en place d’institutions financières africaines et de banque d’investissement pour l’Afrique, c’est un dossier qui est sur la table de l’Union Africaine et tout à l’heure on venait d’en faire le point dans un rapport fait par le Président Nana .

merci d’avoir suivi cette interview