29 mars 2024

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El hadj Seny Facinet Sylla 2eme vice président du CNT

Guinée : des Assises pour la réconciliation très critiquées

Guinée : Début des assises nationales

TRIBUNE :

La présente proposition est un bref rappel des travaux de la Commission Provisoire de Réflexion sur la Réconciliation Nationale (CPRN) de 2011 à 2016. Elle rappelle l’allocation des Co-Présidents de ladite Commission lors de la cérémonie de remise officielle du rapport le 29 juin 2016. Elle indique les recommandations qui ont été formulées relativement au traitement du contentieux historique de notre pays. 

C’est sur le fondement de la Déclaration d’engagement mutuel entre la Guinée et la Commission de Consolidation de la Paix des Nations Unies que la Commission Provisoire de Réflexion sur la Réconciliation Nationale (CPRN) a été créée par le Décret D/2011/192/PRG/SGG du 24 juin 2011.

Elle a été placée sous la Co-présidence des deux plus hautes personnalités religieuses du pays, le Grand Imam de la Mosquée Fayçal de Conakry Elhadj Mamadou Saliou Camara et l’Archevêque de Conakry Mgr. Vincent Coulibaly par le Décret D/2011/222/PRG/SGG du 15 août 2011.

Il lui a été assigné le mandat de mener des réflexions profondes aux fins de déterminer les conditions et les modalités appropriées de la réconciliation entre les filles et fils de Guinée.

La CPRN s’est mise à la tâche. Elle a développé un partenariat solide avec les principales Agences des Nations Unies impliquées dans les questions de Consolidation de la Paix. Elle a mené une large consultation de recueil d’opinions, avis et attentes des populations sur le processus de réconciliation nationale à mettre en œuvre en Guinée.

Afin d’obtenir l’adhésion et l’accompagnement souhaités des différents acteurs, parties prenantes au processus, de nombreuses sessions d’information, de sensibilisation et de mobilisation sociale ont été organisées à travers tout le pays,  à l’appui d’antennes régionales et de Points Focaux Préfectoraux et Communaux, installés à cet effet dans les 8 Régions Administratives, 33 Préfectures de l’intérieur et 5 Communes de Conakry.

Les mêmes activités ont été menées en direction du Gouvernement, de l’Assemblée Nationale, des Forces de Défense et de Sécurité, des Leaders religieux et Chefs traditionnels, des acteurs politiques et Organisations de la Société Civile, des Victimes et Organisations de Défense des Droits de l’Homme, des médias, des syndicats ainsi que des Partenaires Techniques et Financiers.

Deux Cabinets internationaux ont été recrutés pour faciliter la collecte des données : Africa Label Group (ALG) de droit Borkinabè pour appuyer les consultations qualitatives et quantitatives, COMO CONSULT de droit allemand pour évaluer l’impact de la transmission formelle et informelle des récits historiques sur le comportement des jeunes.

Pour encadrer l’intervention des experts étrangers la CPRN s’est attaché le service d’un Comité Consultatif constitué d’historiens, ethnologues, juristes,  sociologues,… qui ont scrupuleusement veillé à l’observation des spécificités socioculturelles et historiques de la Guinée, à travers des orientations sur 3 thématiques:

– Les faits historiques de violence en Guinée et leur incidence sur la cohésion nationale ;
– Le phénomène partisan et le fait ethnique en Guinée ;
– Les efforts de réconciliation nationale précédemment menés et les mécanismes traditionnels de résolution des conflits.

Un autre Comité dit de coordination et de suivi composé de membres de l’Assemblée Nationale, de la Société Civile, des Partenaires Techniques et Financiers et de Représentants des Ministères impliqués dans le processus ont régulièrement siégé aux côtés de la CPRN pour l’orientation stratégique, programmatique et opérationnelle des activités.

Le travail n’a pas été de tout repos. Le chemin a été plutôt long et difficile. Le Gouvernement, le SNU, en l’occurrence le HCDH, le PNUD, l’UNICEF, le PBF, OSIWA ont apporté un soutien de qualité à la CPRN pour l’atteinte de ses objectifs.

Le financement du programme a été assuré par le Fonds de Consolidation de la Paix (PBF), géré par le PNUD.

Les consultations nationales ont permis de toucher plus de 9000 de nos compatriotes y compris ceux de la diaspora. 4898 enquêtes quantitatives, 732 interviews individuelles, 104 focus groups et 56 rencontres communautaires ont été réalisés. Il en résulte que les objectifs du projet ont été largement atteints.

Un rapport d’environ 300 pages, aboutissement de 5 années de réflexion sur les modalités de réalisation de la réconciliation dans notre pays, offre un panorama complet des enjeux et défis liés au traitement du passé de notre pays. Il a été officiellement remis à l’Autorité le 29 juin 2016.

Les résultats du procès indiquent que les contentieux de violations des droits humains de notre passé ont un impact considérable sur notre vivre ensemble. Cela crée un lourd climat de méfiance et de défiance entre les populations et l’Etat. Par conséquent, le pays a besoin de vérité, de justice, de réparations et de réformes institutionnelles profondes pour sortir de la léthargie dans laquelle elle se trouve engluée.

Cette conclusion a conduit à la recommandation générale que le Gouvernement s’engage à la mise en place d’un mécanisme de justice transitionnelle répondant aux attentes formulées par les populations au cours des consultations. Puis viennent en appui les recommandations concernant le droit à la vérité, le droit à la justice, les recommandations relatives aux réparations et celles liées aux réformes institutionnelles.

Les Assises Nationales en instance de déroulement gagneraient substantiellement à capitaliser les résultats très significatifs de ce travail et de son rapport. Espérons que le Comité de Coordination annoncé se les appropriera.

Puisse Dieu nous inspirer les meilleures orientations pour une réconciliation durable. Aameen !!!

Sény Facinet Sylla 
2ème Vice-Président du CNT