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l'incendie de la bibliothèque du Cap

En Afrique du Sud, les chercheurs du monde entier sous le choc après l’incendie de la bibliothèque du Cap

Le feu a pris dimanche 18 avril sur la montagne de la Table, le massif emblématique de la ville avant de se propager sur une partie du campus, dont la Jagger Library, qui contenait des collections uniques.

On ne sait pas encore exactement quels ouvrages et documents ont été détruits lors de l’incendie qui a ravagé la bibliothèque de l’université du Cap (UCT) en Afrique du Sud dimanche 18 avril sur les flancs de Table Mountain. Les équipes de l’université travaillent sur un inventaire. Ce qui est sûr, c’est que la Jagger Room, la salle de lecture aux grandes colonnes de pierre construite dans les années 1930, a été totalement dévastée par l’incendie.  

Cette bibliothèque renfermait près de 85 000 ouvrages et documents retraçant des pans de l’histoire du continent. Heureusement, certaines œuvres, comme les manuscrits les plus précieux, se trouvaient dans les étages inférieurs, et ont donc pu être sauvés grâce à des portes coupe-feu.

Des documents uniques disparus à jamais  

La nouvelle de cet incendie a provoqué un choc parmi la communauté des chercheurs, car cette bibliothèque renfermait des collections uniques, des documents qui retraçaient l’histoire précoloniale du pays, des archives gouvernementales, ou encore des affiches et des tracts de résistance contre l’apartheid. Pour Natasha Erlank, historienne à l’Université de Johannesburg, qui a étudié au Cap, ces archives du quotidien étaient tout aussi vitales que les œuvres plus connues. “Cela m’a bouleversée d’apprendre ce qui s’est passé”, confie-t-elle.

Voir ces flammes, c’est comme regarder le travail d’une multitude de chercheurs à travers le monde soudainement partir en fuméeVoir ces flammes, c’est comme regarder le travail d’une multitude de chercheurs à travers le monde soudainement partir en fumée.“.

Natasha Erlank, historienne à l’Université de Johannesburg à franceinfo

“Cette bibliothèque Jagger abritait aussi des archives personnelles de familles, beaucoup de photos, des journaux d’époque… Cette collection ne renfermait pas juste de grands noms, mais aussi des informations précieuses sur la vie de tous les jours des 400 à 500 dernières années”, explique-t-elle. Le feu a également détruit une collection de plus de 3 000 films africains.  

De l’importance de la numérisation des archives  

Seule une partie des collections avait été numérisée avant l’incendie, mais la disparition définitive de certaines œuvres pourrait servir de leçon pour la suite, selon Pippa Skotnes, la directrice du centre dédié à la préservation des archives, au sein de l’Université du Cap. “Il y a des documents qui ont disparu pour toujours. Mais la collection sur laquelle je travaillais, qui comporte des dizaines de milliers de pages d’entretiens du XIXe siècle avec le peuple San, est, pour les deux-tiers, déjà numérisée. Cependant, beaucoup d’autres œuvres ne l’étaient pas, et je pense qu’il est désormais très important de travailler sur ça. Mais c’est très cher et cela prend beaucoup de temps”.   

Une initiative a par ailleurs été lancée en ligne, pour inciter tous les chercheurs qui ont travaillé sur ces collections à mettre en commun leurs photocopies ou leurs photos des œuvres de cette bibliothèque.

franceinfo