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Des centaines de morts dans un hôpital de Gaza

CHRONOLOGIE : Comprendre l’histoire de la bande de Gaza en 8 dates clés

La bande de Gaza, enclave où vivent 2,3 millions de Palestiniens et dont le Hamas a pris le contrôle en 2007, est souvent décrite comme une « prison à ciel ouvert ».

Depuis l’attaque sanglante lancée par le Hamas le 7 octobre dernier, les yeux du monde sont à nouveau rivés sur la bande de Gaza, devenue depuis 1948 l’épicentre du conflit israélo-palestinien et encore une fois sous les bombes.

Retour en dates sur l’histoire de cette bande de terre de 360 kilomètres carrés, coincée entre Israël, l’Égypte et la Méditerranée, où vivent 2,23 millions de personnes, dont 1,7 million de réfugiés.

La création d’Israël et la Nakba

Le 14 mai 1948, la création d’Israël est proclamée dans l’ancienne Palestine mandataire, jusque-là placée sous l’autorité du Royaume-Uni. L’ONU prévoit de diviser le territoire en trois zones, une juive, une arabe et une neutre, qui inclut Jérusalem. Mais ce partage n’est pas accepté par les pays voisins, qui entrent en guerre contre le tout nouvel État. Le conflit se solde en mars 1949 par la victoire d’Israël ; son dirigeant d’alors, David Ben Gourion, renonce à attaquer le bout de territoire où se sont retranchées les troupes égyptiennes. Cela deviendra la « bande » de Gaza, un rectangle de 41 km de long pour une largeur de 6 à 12 km.

Le conflit déplace des milliers de Palestiniens, qui fuient notamment Jaffa et le littoral sud. C’est la Nakba, la catastrophe en arabe, un exode commémoré le 15 mai par les Palestiniens, dont près de 200 000 se réfugient à l’époque à Gaza. Les 279 000 habitants qui vivent alors dans l’enclave deviennent apatrides, mais peuvent se rendre en Égypte, qui administre la région sans l’annexer, pour travailler et étudier. Les réfugiés sont gérés par l’ONU, qui lance l’UNRWA, un programme pour les réfugiés palestiniens, en 1949.

Première occupation israélienne pendant la guerre de Suez et début de la guérilla

Alors que des fedayin, des combattants palestiniens, attaquent l’État hébreu, la nationalisation du canal de Suez par l’Égypte de Nasser déclenche à l’automne 1956 un conflit avec la France, le Royaume-Uni et Israël, qui prend aux Égyptiens le contrôle du Sinaï et de la bande de Gaza. L’occupation, violente, dure quatre mois, avant que le territoire ne retourne sous tutelle égyptienne après une pression américaine et une médiation de l’ONU.

En 1959, Yasser Arafat fonde le Fatah, un parti politique nationaliste et laïque qui prône la résistance armée face à Israël et la fondation d’un État palestinien. Quelques années plus tard, en 1964, il crée l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) avec d’autres courants palestiniens, dont certains d’obédience marxiste. Ils entament une guérilla contre Israël, qui réplique.

1967 : la guerre des Six Jours et la prise de contrôle de Gaza par Israël

En juin 1967, Israël lance une attaque éclair, la guerre des Six Jours, et reprend le Sinaï et Gaza à l’Égypte, le plateau du Golan à la Syrie, et la Cisjordanie et Jérusalem est à la Jordanie, qui avait annexé le territoire en 1949. Débute alors une occupation israélienne de Gaza qui durera quarante ans. Des colonies juives y sont construites, et ses 394 000 habitants, dont 60 % de réfugiés, sont administrés par l’État hébreu.

En 1971, face aux attaques de l’OLP, une première clôture de sécurité est érigée autour de la bande de Gaza, avec trois points d’accès, en plus de celui ouvrant sur l’Égypte, à Rafah. L’armée israélienne lance aussi des opérations de destruction de camps de réfugiés, auxquelles l’OLP réplique par des vagues d’attentats.

La Première ministre Golda Meir (1969-1974), et son ministre de la Défense, Moshe Dayan, mettent ensuite en place une politique d’ouverture pour tenter de calmer les actions de guérilla dans les années 1970. Des dizaines de milliers de permis de travail en Israël sont délivrés aux Gazaouis. Durant cette décennie, les Frères musulmans, fondés en Égypte en 1922, gagnent en influence à Gaza. Leur dirigeant local, Ahmed Yassine, sera le futur fondateur du Hamas.

1987 : la première intifada et la création du Hamas

Face à l’occupation israélienne et aux humiliations qui l’accompagnent, la première intifada, ou « guerre des pierres », éclate en 1987, après un accident de la route dans le camp de réfugiés de Jabaliya, au nord de la ville de Gaza. La bande de Gaza s’enflamme, bientôt suivie par la Cisjordanie. Ce soulèvement est violemment réprimé par Israël, notamment par le ministre de la Défense de l’époque, Yitzhak Rabin.

Le conflit, qui dure six ans, fait 277 morts du côté israélien et 1 962 du côté palestinien.

Dans ce contexte, Ahmed Yassine fonde le Hamas, pensé en premier lieu comme la branche armée palestinienne des Frères musulmans. L’organisation islamiste et nationaliste adopte en 1988 une charte antisémite et lance des attentats suicides, particulièrement nombreux entre 1993 et 1996 et entre 2001 et 2005.

Les accords d’Oslo, un bref espoir de paix, entre 1993 et 1995

Face au déferlement de violence, des négociations s’ouvrent en 1991, doublées d’échanges secrets à Oslo. Ceux-ci débouchent le 13 septembre 1993 à la signature d’ « accords de principe » à Washington par Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, qui échangent une poignée de main historique. Un processus de paix, dit « processus d’Oslo », s’engage. Les deux parties se reconnaissent mutuellement.

Mettant fin à un long exil, le leader palestinien peut s’installer à Gaza, où il dirige la nouvellement créée Autorité palestinienne, qui doit bénéficier d’une autonomie relative et gouverner Gaza et Jéricho durant cinq ans. En contrepartie, les Israéliens, civils et militaires, ont le droit de circuler librement dans la zone. Des négociations doivent ensuite continuer à être menées pour aboutir à la création d’un État palestinien.

Mais cet espoir est de courte durée : Rabin est assassiné en 1995 par un activiste israélien d’extrême droite et la colonisation continue à Gaza et en Cisjordanie. En 2000, l’Autorité palestinienne n’administre ainsi que 40 % de la Cisjordanie et les deux tiers de la bande de Gaza. Les négociations patinent sur le statut de Jérusalem, la question du droit au retour des réfugiés palestiniens et sur le terrorisme, le Hamas, opposé aux accords de paix, continuant ses attentats contre Israël.

2000-2005 : seconde intifada, échec du processus de paix et désengagement israélien

La seconde intifada éclate en septembre 2000, après une visite d’Ariel Sharon à l’esplanade des Mosquées, perçue comme une provocation par les Palestiniens. Un nouveau cycle de violences démarre. L’économie de l’enclave s’effondre. L’aéroport de Gaza est détruit par un bombardement israélien en 2001, et des opérations militaires sont menées en 2002, 2004 et 2006. Un millier d’Israéliens et environ 3 000 Palestiniens sont tués, en majorité des civils.

En août 2005, le Premier ministre Ariel Sharon décide unilatéralement de se retirer de l’enclave administrée par Israël depuis 1967, marquant l’échec du processus de paix. Les 7 500 civils juifs qui y résidaient dans 21 colonies sont priés de quitter les lieux. Mais Israël continue de contrôler les frontières maritimes, aériennes et terrestres du territoire, et les Palestiniens commencent à creuser le « métro de Gaza », des tunnels vers Israël et vers l’Égypte. Pour pallier l’enfermement des Gazaouis, l’Égypte accepte en novembre 2005 d’ouvrir sa frontière à Rafah après des négociations avec les États-Unis.

Élection du Hamas, guerre civile palestinienne et blocus de Gaza

En janvier 2006, le Hamas remporte les élections législatives palestiniennes. Ismaël Haniyeh devient Premier ministre, ce qui déclenche un conflit avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, du Fatah. Des affrontements entre les deux parties ont lieu en juin 2007 et aboutissent à la victoire du Hamas, qui contrôle depuis la bande de Gaza. Abbas, reconnu par la communauté internationale, se réfugie en Cisjordanie : les deux Territoires palestiniens sont dorénavant régis par des forces ennemies.

Considérant le Hamas comme une organisation terroriste et une « entité hostile », l’Égypte et Israël réagissent en instaurant un blocus sur la bande de Gaza et en imposant des restrictions strictes sur la circulation des personnes et des biens. Gaza devient la « prison à ciel ouvert » décrite en 2012 par Henri Guaino, alors conseiller de Nicolas Sarkozyet manque d’eau, d’électricité et de gaz.

Des affrontements éclatent depuis régulièrement. En 2008, Israël lance l’opération Plomb durci, une vaste offensive aérienne en réaction aux tirs de roquettes du Hamas. Environ 1 300 Palestiniens sont tués, contre 13 Israéliens, les deux belligérants étant accusés de crimes de guerre par Amnesty International. Israël met ensuite en place son Dôme de fer » en 2011, et mène des opérations militaires sur Gaza en 2012 (160 Palestiniens et six Israéliens tués), et en 2014, causant environ 2 250 morts du côté palestinien et une soixantaine du côté israélien.

Des affrontements éclatent depuis régulièrement. En 2008, Israël lance l’opération Plomb durci, une vaste offensive aérienne en réaction aux tirs de roquettes du Hamas. Environ 1 300 Palestiniens sont tués, contre 13 Israéliens, les deux belligérants étant accusés de crimes de guerre par Amnesty International. Israël met ensuite en place son Dôme de fer » en 2011, et mène des opérations militaires sur Gaza en 2012 (160 Palestiniens et six Israéliens tués), et en 2014, causant environ 2 250 morts du côté palestinien et une soixantaine du côté israélien.

Près de la moitié de la population active, dont l’âge médian est de 18 ans, y est actuellement au chômage, 60 % vivant sous le seuil de pauvreté. Les infrastructures, comme l’eau potable, manquent : hors situation de crise, les 2,3 millions de Gazaouis n’ont en moyenne que 18 litres d’eau par personne et par jour, alors que 50 litres sont nécessaires pour vivre décemment, selon le Centre d’information sur l’eau.

Attaque du Hamas du 7 octobre 2023 et riposte israélienne

Le 7 octobre 2023, le Hamas lance l’attaque terroriste la plus massive de son histoire contre Israël. Ses combattants franchissent la frontière, assassinent au moins 1 400 personnes, dont une grande majorité de civils, et prennent, selon Israël, 199 Israéliens en otage.

En riposte, Israël instaure un blocus total sur Gaza et lance des bombardements massifs, qui ont déjà tué 2 750 personnes et causé le déplacement d’un million d’autres, faisant craindre une situation humanitaire catastrophique.

Par LOU ROMÉO, Journaliste et auteur du Point