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L'assemblée du Koweit

Ce jour-là: 20 novembre 1979, prise de la Grande Mosquée de La Mecque

Mecque 1979 : le siège de la mosquée qui a changé le cours de l’histoire saoudienne.

Il y a quatre décennies, un prédicateur charismatique et ses disciples ont organisé une prise de contrôle armée de la Grande Mosquée de La Mecque et le lieu le plus saint de l’Islam est devenu un champ de bataille.

Leur chef, un militaire du nom de Juhayman al-Otaibi, dénonce la corruption du pouvoir et ses accointances avec les États-Unis impies. Lui-même se réclame du wahhabisme le plus pur et le plus radical, le wahhabisme étant la doctrine officielle de la dynastie et du royaume.

L’Arabie séoudite, un royaume sorti du néant

Le cœur historique de l’Arabie séoudite (ou Arabie saoudite d’après l’anglais Saudian Arabia) est le Nedjd, avec sa capitale Riyad.

Dans le Hasa, sur le golfe Persique, les antiques pêcheries de perles ont laissé place aujourd’hui à l’exploitation pétrolière… et aux bases de l’armée américaine.

Les montagnes du Hedjaz, sur le littoral de la mer Rouge, abritent les lieux saints de l’islamdans les oasis de Médine, anciennement Yathrib, où sont inhumés le prophète de l’islam et ses proches, et surtout La Mecque.

Une prospérité fragile

La plus grande partie de la péninsule arabe est aujourd’hui sous la souveraineté de la dynastie séoudite, autrement dit des fils d’Ibn Séoud qui se succèdent sur le trône depuis la mort de leur père, le 9 novembre 1953. Le 22 janvier 2015, le prince Salman (79 ans) succède ainsi à son demi-frère Abdallah, mort à 91 ans.

Le royaume s’étend sur deux millions de km2 et compte 30 millions d’habitants (2014) mais son influence sur la scène mondiale est sans rapport avec sa taille modeste, parce qu’il inclut les villes saintes de l’islam et surtout possède dans le Hasa les plus importantes réserves mondiales de pétrole.

Triomphe posthume des assaillants

C’est un choc violent pour la famille royale, qui règne sans partage sur le pays depuis près d’un demi-siècle. Comme il est normalement interdit aux musulmans de verser le sang en ce lieu sacré de l’islam, le gouvernement demande une dispense aux ulémas (religieux).

Une fois la dispense accordée, l’assaut est donné à la mosquée mais il est repoussé avec vigueur par les rebelles et une centaine d’hommes de la Garde nationale sont tués.

Désemparé, le roi Khaled fait appel à la France qui lui envoie ses hommes d’élite du GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) sous le commandement du capitaine Paul Barril.

Ceux-ci s’accommodent d’une conversion express à l’islam pour avoir le droit d’intervenir à La Mecque ! Le 5 décembre 1979, les Français délogent enfin les rebelles.

Les survivants, une soixantaine au total, sont décapités un mois plus tard. Ce sont des jeunes Séoudiens d’une religiosité extrême et fanatique, qui s’indignent de voir l’Arabie se détourner des préceptes islamiques alors que l’Iran y revient.

Nouvelle tactique, le légitimisme sunnite à l’hérésie chiite

Médusés, les Séoud, qui ont vu le sol se dérober sous leurs pieds, jugent qu’ils doivent sans attendre changer de politique pour conserver le pouvoir.

Ils mettent brutalement fin à une timide libéralisation des mœurs. Les cinémas sont fermés, les publicités et les représentations humaines, en premier lieu féminines, sont chassées de l’espace public.

Les femmes sont rapidement conduites à se voiler. L’Arabie séoudite prend la tête de l’islamisme radical en concurrence avec l’Iran de Khomeiny et pour mieux affirmer sa différence, oppose le légitimisme sunnite à l’hérésie chiite, minoritaire dans le monde musulman…

Le siège qui en a résulté, écrit Eli Melki, de la BBC, a ébranlé le monde musulman jusqu’à ses fondations et a changé le cours de l’histoire saoudienne.

Contribution à cet article: bbc