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Burkina Faso la mine de Pissy tourne toujours à plein régime

Burkina Faso : Depuis quarante ans, ils creusent, cassent, concassent, transportent des morceaux de roche

Ni le Covid, ni le coup d’Etat de janvier 2022 et la peur qui l’accompagne, ni les conditions de travail ne peuvent empêcher les mineurs artisanaux de se rendre à la mine.

Malgré les conditions de travail dangereuses, les restrictions liées au Covid en 2020, ou plus récemment les mutineries qui ont conduit au coup d’Etat du 24 janvier 2022, rien n’a pu perturber le fonctionnement de la mine sauvage de Pissy, au Burkina Faso.

Car ici, des milliers de personnes travaillent chaque jour pour quelques euros à la fissuration des dalles de granite du cratère, pour pouvoir survivre et nourrir leur famille.

La carrière de granite à ciel ouvert de Pissy est un trou de plusieurs centaines de mètres de profondeur situé sur un terrain vague à la périphérie de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.

Sur les 4 000 personnes qui travaillent ici chaque jour, la moitié sont des femmes et 10% des adolescents ou des enfants.

Depuis quarante ans, ils creusent, cassent, concassent, transportent des morceaux de roche issus des parois abruptes, qui serviront à construire bâtiments, maisons et routes.

Depuis quarante ans ils creusent cassent concassent JOHN WESSELS / AFP

Les femmes, les adolescents et parfois les enfants les concassent en petits cailloux. 

Certains utilisent un autre système à base de pneus brûlés dangereux pour la santé car tout le monde inhale ainsi les fumées toxiques. Ici, personne ne porte de masque, de casque ou de protection particulière. 

Le caoutchouc mélangé à de la ferraille est brûlé pendant des jours JOHN WESSELS / AFP

Les blocs de granite récupérés sont vendus par les propriétaires de parcelles. Et d’autres personnes sont payées pour les remonter à la surface. 

Chaussés parfois de simples tongs avec des charges de roche de plusieurs kilos sur la tête, tous effectuent plusieurs allers-retours dans la journée sur un étroit chemin escarpé. 

Un mineur raconte à l’AFP les conditions très difficiles de ce travail : “Il y a de graves blessures, des gens coupés par des cailloux, un coup de marteau, des éclats dans les yeux. Il y a des gens qui glissent dans la descente et aussi beaucoup de maladies.” 

Arrivées au sommet, des dizaines de personnes dont beaucoup de femmes, certaines avec un bébé au dos, apportent aux acheteurs leurs bassines remplies de granite. 

Leur cargaison une fois vendue, chacun attend d’être payé quelques francs CFA en espérant faire un petit bénéfice pour pouvoir faire vivre sa famille. Mais le quotidien reste très difficile car “avec cet argent, je dois nourrir les enfants, payer leur école. Je suis là depuis dix ans et jusqu’à présent je ne m’en sors pas. Ça fait vraiment pitié”, raconte une femme à l’AFP. 

Leur cargaison une fois vendue, chacun attend d’être payé quelques francs CFA JOHN WESSELS / AFP

franceinfo Afrique avec AFP