leun2trois.com

Comprendre pour informer pour rendre compte de ce qui se passe dans le monde

Le mollah Abdul Ghani Baradar

Portrait : Qui est le mollah Baradar, nouveau visage de l’Afghanistan ?

Alors qu’il était emprisonné au Pakistan, Abdul Ghani Baradar a été libéré par le haut représentant des États-Unis dans la région en 2018. Il va être maintenant amené à jouer un rôle de premier plan à Kaboul.

Il est bien connu de l’ancienne administration Trump puisque le précédent Secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, l’avait rencontré à Doha en novembre 2020, dans le cadre des pourparlers de paix inter-afghans. Le mollah Baradar, Abdul Ghani Baradar à l’état civil, est “le visage public” des talibans, qui ont pris le contrôle de l’Afghanistan dimanche 15 août.

“Cofondateur du mouvement islamiste dont il est l’un des hauts dirigeants, le mollah Baradar devrait jouer un rôle de premier plan dans la gouvernance du pays”, prédit le site d’information Gandhara. C’est lui qui, en tant que représentant des insurgés, a signé l’accord historique de Doha avec les États-Unis, le 29 février 2020. Un texte qui visait à mettre fin à vingt ans de guerre en Afghanistan et à planifier le retrait de l’armée américaine. Sans prévoir, toutefois, ce que deviendraient les autorités afghanes issues du suffrage universel, lesquelles sont finalement tombées sans combattre.

“Né en 1968 dans la province d’Uruzgan, Baradar est un Pachtoune Durrani de la tribu Popalzai”, comme l’ancien président Hamid Karzai. Il a occupé le poste de vice-ministre de la Défense lorsque les talibans ont dirigé le pays la première fois, de 1996 à 2001. “Après l’invasion de l’Afghanistan par les Etats-Unis, à la suite des attaques terroristes du 11 septembre 2001, il avait fui au Pakistan” où il sera arrêté en 2010, dans la ville de Karachi, “lors d’une opération menée par des agents des services de renseignement américains et pakistanais”.

Il est resté derrière les barreaux durant huit ans et c’est “à la demande de l’envoyé spécial américain en Afghanistan, Zalmay Khalilzad, qu’il a été libéré”. Le diplomate souhaitait que le mollah Baradar “joue un rôle dans les pourparlers de paix, en raison de son autorité et de sa réputation de négociateur”. Entre temps, alors qu’il était en prison, il est devenu numéro deux du mouvement insurgé à la mort du mollah Omar, en 2013.

“C’est un homme très calme, il est très diplomate et ne parle que de ce qui est important. Même avant sa capture, il était connu comme une figure jouissant d’un grand respect chez les talibans”, raconte le journaliste Sami Yousaifzai qui l’a rencontré plusieurs fois. Suhail Shaheen, l’un des porte-parole des talibans, a déclaré lundi 16 août à l’agence Associated Press qu’un “gouvernement islamique de rassemblement” serait mis en place dans les tout prochains jours.

Dans une interview accordée à Newsweek en 2009, Baradar a déclaré que le groupe était déterminé à se battre jusqu’à l’expulsion des troupes américaines du pays.

“L’histoire de l’Afghanistan montre que les Afghans ne se lassent jamais de lutter tant qu’ils n’ont pas libéré leur pays. Nous continuerons notre jihad jusqu’à l’expulsion de notre ennemi de notre terre”, a-t-il déclaré.

En mars 2020, le président américain Donald Trump a eu une conversation téléphonique de 35 minutes avec le leader politique taliban que Trump a qualifié de “très bon”.

Il a également été impliqué ces derniers jours dans des pourparlers ratés avec l’administration du président Ashraf Ghani, qui a fui l’Afghanistan le 15 août.

Par Golnaz Esfandiari correspondante principale de RFE/RL.