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Le chef de l'État du Ghana et président en exercice de la Cedeao

La Cedeao brandit des sanctions contre la Guinée

MESURES. Après avoir suspendu le pays de ses instances, l’organisation ouest-africaine a décidé de l’envoi d’une mission de haut niveau dès ce jeudi à Conakry.

Àla demande du chef d’État ghanéen, Nana Akufo-Addo, président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), les dirigeants de la sous-région ont pris part, mercredi 8 septembre, à une réunion extraordinaire virtuelle. Au menu : la Guinée et les mesures à appliquer à la suite du coup de force du 5 septembre. Si l’institution avait immédiatement condamné l’irruption des forces spéciales guinéennes « avec la plus grande fermeté », et exigé « le retour à l’ordre constitutionnel sous peine de sanctions », elle s’est voulue plus ferme en suspendant le pays de toutes les instances de l’organisation en attendant l’arrivée d’une mission de haut niveau sur place dès ce jeudi 9 septembre.

En prenant la parole, le président ghanéen a été très direct, il a qualifié ce putsch de « violation claire de notre charte sur la bonne gouvernance ». Les chefs d’État réunis ont également « exigé le respect de l’intégrité physique du président Alpha Condé », déposé et détenu depuis lors par les putschistes, sa « libération immédiate » ainsi que celle de toutes les personnes interpellées, a dit à des journalistes à Ouagadougou le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Alpha Barry, au sortir de la visioconférence. Ils réclament, « très rapidement », un retour à l’ordre constitutionnel, a-t-il dit. Le ministre n’a pas évoqué de sanction économique. Mais une « mission de haut niveau » sera dépêchée en Guinée et la Cedeao réexaminera ensuite ses positions, a-t-il déclaré.

Des décisions scrutées sur les marchés boursiers

Avec la Guinée, un des pays les plus pauvres de la planète lui aussi plongé dans une crise profonde, les dirigeants de la Cedeao devaient de surcroît se prononcer sur un important producteur de bauxite, minerai essentiel à la fabrication d’aluminium, employé dans des industries aussi diverses que l’automobile ou l’alimentation. Les incertitudes sur l’approvisionnement international à la suite des événements de Guinée ont fait monter l’aluminium à son prix le plus haut depuis 13 ans sur le marché des métaux à Londres.

Les putschistes disent avoir agi pour mettre fin à « la gabegie financière », la « corruption » et le « piétinement des droits des citoyens  ». Dans ce contexte, quelles mesures la Cedeao peut-elle encore prendre ? Les textes de l’institution évoquent aussi bien l’option d’une intervention armée que des sanctions économiques et financières dans le but de contraindre les putschistes à partir. Les dirigeants peuvent ainsi décider de la fermeture des frontières des États membres de la Cedeao, d’un embargo sur les armes, le « gel des avoirs » des auteurs du coup d’État et de leurs associés. En revanche, l’institution ne pourra pas geler des comptes de la Guinée – puisque le pays ayant sa propre monnaie, le franc guinéen depuis 1960 – ne dépend pas de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest.

Par  lepoint