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Aminata Dumbuya Jarr fondatrice et PDG de FWT

Aminata Dumbuya Jarr, fondatrice et PDG de FWT, basée à Freetown, en Sierra Leone. © DR

En Sierra Leone : Quand les déchets alimentaires se transforment en opportunités

La jeune pousse Freetown Waste Transformers, fondée par Aminata Dumbuya Jarr, s’est spécialisée dans la transformation des déchets en misant sur l’innovation.

De quoi s’agit-il ? Freetown Waste Transformers utilise la technique de la biométhanisation, un mécanisme naturel de décomposition de la matière organique par des bactéries qui s’active dans des conditions anaérobies (sans oxygène). « Nous mettons tous les déchets organiques dans un “estomac” qui digère ces déchets et les transforme en biogaz qui est à son tour converti en électricité. De l’autre côté, les résidus de la digestion servent de fertilisants », explique-t-elle. « Cette technologie est le résultat des recherches de notre partenaire technique, The Waste Transformers (TWT), basé aux Pays-Bas », poursuit-elle.

Cette société hollandaise développe des digesteurs anaérobies modulaires, construits dans des conteneurs de 20 pieds, produisant du biogaz à partir de déchets alimentaires et le transformant en électricité pour la consommation locale. Elle développe ses projets en partenariat dans le monde, et notamment en Afrique, en Sierra Leone mais aussi en Afrique du Sud. TWT a été récompensée lors de la COP27 de Charm el-Cheikh, dans le cadre de l’Africa Grows Green Awards, pour sa solution technique qui permet de valoriser les déchets alimentaires au lieu de les laisser se dégrader dans l’environnement, dégageant alors du méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2.

Dans la capitale Freetown, une première unité pilote a été installée en 2020. Cette unité, installée à l’hôpital des femmes d’Aberdeen, dispose d’une capacité de transformation de 600 kg de déchets alimentaires par jour et de produire de l’électricité. « Grâce à cela, nous avons réussi à lever 3,9 millions d’euros de capitaux auprès du Climate Fund Managers (CFM) afin de développer notre projet au travers de cinq nouvelles installations », détaille Aminata Dumbuya Jarr.

Des défis protéiformes

Dans une capitale comme la Sierra Leone, où les services municipaux ont été laminés par une guerre civile qui a duré plus d’une décennie, qui a aussi affronté une effrayante épidémie d’Ebola, tout est à construire, à inventer. L’urbanisation rapide et la croissance économique entraînent une accélération de la production des déchets, sans solution durable. À Freetown – 1,2 million d’habitants –, les déchets sont majoritairement organiques, à 84 %. Les ordures finissent dans la rue, se déversent dans les cours d’eau ou, au mieux, sont entassées dans des décharges, où elles pourrissent et émettent du méthane. Dans le même temps, avec la croissance de la ville, la demande d’énergie augmente.

Par lepoint.fr