28 mars 2024

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Barkhane rapatrie sa «petite ville»

Opération Barkhane : les forces françaises ont fini de quitter le Mali

Lundi 15 août, la base de Gao a été transférée aux forces maliennes, mettant un terme à la présence française.

L’opération Barkhane au Mali est terminée. Avec un peu d’avance sur le calendrier imaginé, le dernier détachement militaire français a quitté le pays, lundi. Le transfert de la base de Gao aux ­forces armées maliennes (Fama), annoncé initialement pour la fin de l’été, a été réalisé durant la matinée sans cérémonie ni honneurs, laissant un sentiment d’amertume et d’échec près de dix ans après le déclenchement de l’opération Serval. Décidée en janvier 2013, elle avait permis d’éviter l’effondrement du Mali face à une offensive des ­groupes djihadistes.

À 13 heures, lundi, un dernier « groupe de combat » a franchi la frontière, vers le Niger, où se trouve désormais la principale base française au Sahel. Le dernier convoi logistique était quant à lui parti de Gao durant la nuit de dimanche à lundi, emportant les ultimes équipements destinés à être rapatriés ou relocalisés. L’après-midi, l’état-major partageait l’information sans attendre l’arrivée des hommes à Niamey. Elle n’aurait de toute façon pas tardé à circuler sur les réseaux sociaux.

« Toutes les conditions étaient réunies pour le départ », dit-on au ministère des Armées en réfutant une accélération du tempo dans les derniers jours. « Aucun incident majeur n’a ralenti la manœuvre. Il n’y avait pas d’intérêt à rester plus longtemps », ajoute-t-on. Au contraire. La dégradation de la situation sécuritaire au Mali semble s’accélérer depuis plusieurs semaines avec une multiplication des attaques des groupes djihadistes contre les Fama. À Tessit, la semaine dernière, des affrontements ont coûté la vie à 42 soldats maliens. Sur internet, un flot de rumeurs, plus ou moins téléguidé, accusait la France de complicité. Des manifestations réclamant le départ de Barkhane ont été organisées dimanche à Gao. Ces mouvements de foule, qui peuvent paralyser les convois, sont craints par les militaires. « Soit on se fait humilier, soit on ne se laisse pas faire, mais cela a des conséquences », observait un haut gradé au début de l’été. À Téra (Niger), l’année dernière, des civils sont morts lors de manifestations antifrançais.

«Nous sommes à un point de bascule. Le sentiment antifrançais et anti-occidental est une réalité»Général Burkhard

Le général Thierry Burkhard. Arnaud Klopfenstein/Armee De Terre via ABACAPRESS.COM

Mais, au Mali, la France n’était plus la bienvenue depuis des mois. « Nous sommes à un point de bascule. Le sentiment antifrançais et anti-occidental est une réalité», confiait début juillet le chef d’état-major des armées, le général Burkhard, à quelques journalistes en détaillant les nouveaux objectifs de la France au Sahel. Tout d’abord « poursuivre la lutte contre le terrorisme » depuis le Niger et le Burkina Faso, expliquait-il. Plus aucune opération ne sera menée au Mali, laissant les Fama et Wagner seuls face à leurs adversaires. Ensuite, «améliorer l’appui aux pays du golfe de Guinée», poursuivait-il en s’inquiétant de la dissémination vers le sud de la menace terroriste. Les groupes djihadistes « testent le dispositif » des États, confiait une source militaire il y a quelques semaines. Mais la forme de cette coopération reste à préciser. Enfin, le général Burkhard fixait comme ambition de lutter contre l’influence russe au Sahel.

Le départ de Barkhane du Mali ne signifie pas la fin de la présence française dans la région. Quelque 2500 soldats resteront répartis jusqu’à nouvel ordre entre le Niger, le Tchad et le Burkina Faso. Un nouveau chapitre de la lutte contre les groupes djihadistes, où la France ne veut plus se trouver en première ­ligne, va s’ouvrir.

SOURCE MEDIAS