23 avril 2024

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Le président de Chadema de Tanzanie

Tanzanie : Freeman Mbowe, leader du parti d’opposition Chadema, arrêté et accusé de terrorisme

Freeman Mbowe et une douzaine de militants du même parti ont été interpellés le 21 juillet 2021 dans la ville de Mwanza. Arrestations qui ne sont pas sans rappeler les méthodes de l’ancien président John Magufuli vis-à-vis de ses opposants.

Les ONG et les Etats-Unis s’inquiètent. Chadema, le principal parti d’opposition en Tanzanie, a déclaré le 22 juillet 2021 que son leader Freeman Mbowe et une douzaine d’autres membres pourraient être poursuivis pour terrorisme.Tous ont été interpellés la veille dans la ville de Mwanza, au nord-ouest du pays.

Des opposants accusés de terrorisme

Le président de Chadema, Freeman Mbowe, et une douzaine d’autres militants du parti tanzanien d’opposition ont été arrêtés alors qu’ils prévoyaient un rassemblement pour demander des réformes constitutionnelles. La police a perquisitionné la maison de M. Mbowe, transféré dans la capitale économique Dar es Salaam, et saisi son ordinateur ainsi que d’autres équipements appartenant à sa famille, a indiqué le 22 juillet un porte-parole de Chadema. Tout en précisant sur Twitter avoir reçu “des informations choquantes selon lesquelles Mbowe sera poursuivi pour terrorisme, de même que les autres suspects”.

Selon la police tanzanienne, Freeman Mbowe est “en sécurité au commissariat central de Dar es Salaam” et il sera renvoyé à Mwanza.

La rupture dans la continuité ?

Ces arrestations d’opposants, dans un contexte d’interdiction des manifestations officiellement pour lutter contre le Covid-19, interviennent quatre mois après la prise de fonction de la nouvelle présidente Samia Suluhu Hassan. Depuis son investiture, Mme Hassan dit avoir amorcé une rupture avec son prédécesseur, notamment dans la défense de la démocratie et des libertés fondamentales. Conformément à la Constitution tanzanienne, la présidente avait succédé à John Magufuli mort en mars dernier. Le défunt chef de l’Etat était arrivé au pouvoir en 2015 et avait été réélu en octobre 2020.

Sous couvert de lutte contre la corruption, la présidence de John Magufuli, surnommé le Bulldozer, avait notamment été marquée par un virage autoritaire, avec des attaques répétées contre l’opposition et un recul des libertés fondamentales en Tanzanie, pays de 58 millions d’habitants considéré comme stable en Afrique de l’Est.

Pour le directeur de la communication de Chadema,  John Mrema, “ce sont des signes que la dictature qui avait cours sous le président John Magufuli continue”.

Amnesty dénonce, les USA s’inquiètent

L’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International a qualifié d’“arbitraires” ces arrestations et estimé qu’elles reflétaient les pressions croissantes contre l’opposition en Tanzanie. L’ONG ajoute que ces arrestations témoignent d’un “mépris de l’Etat de droit et des droits humains, dont le droit d’expression et d’association”

“Les autorités tanzaniennes doivent arrêter de cibler l’opposition et d’essayer de restreindre l’espace dans lequel elle peut opérer”Flavia Mwangovya, directrice adjointe d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est dans un communiqué

Plusieurs arrestations

M. Mbowe a subi plusieurs autres arrestations ces dix dernières années, dont une détention de trois mois entre fin 2018 et début 2019 pour manifestation illégale. M. Lissu, blessé de plusieurs balles en 2017 lors d’une tentative d’assassinat, s’est lui réfugié en Belgique après les élections, disant craindre pour sa vie.

“Nous ne pouvons pas continuer avec l’ordre ancien. Nous avons le droit de nous réunir, mais nous sommes arrêtés, frappés, accusés et renvoyés devant les tribunaux pour deux ou trois ans et ensuite libérés”, avait déclaré le 19 juillet dans une vidéo (ci-dessous non traduite) M. Mbowe, arborant un béret et un T-shirt rouges. “S’ils veulent arrêter tous les membres de Chadema, qu’ils élargissent les prisons car nous sommes tous prêts à être arrêtés et nous ne demandons pas de libération sous caution”, y ajoutait-il. M. Lissu a, de son côté, affirmé qu’“appeler à des réformes politiques n’enfreignait aucune loi” et appelé les partenaires de la Tanzanie à “arrêter de subventionner la dictature du CCM”, le parti au pouvoir


Par franceinfo Afrique avec AFP