29 mars 2024

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M’Mah Sylla

M’Mah Sylla, la jeune Guinéenne de 25 ans décédée en Tunisie après avoir été victime de viols à répétitions par de prétendus médecins. © DR.

Pour une société qui respecte la femme

Guinée, encore loin du compte ! Mais c’est à travers une bonne éducation des jeunes garçons que se prépare le respect de la femme par les hommes. Respecter, séduire, plutôt que rudoyer. Quant aux dirigeants, ils gagneraient à traiter les femmes autrement que comme des accessoires de leur pouvoir, qui s’achètent et se jettent, sans aucun respect. Des objets !

C’est, là, un cas typique de soif de justice, pour une société embourbée dans la culture de l’impunité, avec peu d’égard pour la vie humaine, si peu d’estime pour la dignité de la femme, et aucun respect pour son corps. Et ils se prétendaient médecins, les auteurs de ces crimes abominables, qui ont fait couler tant de larmes, qu’il n’en reste plus, à présent, à verser sur leur minable sort. 

L’intérêt porté par les politiques au drame de M’mah Sylla a sans doute aidé à retenir l’attention et à attirer la lumière sur elle, à la différence des dizaines, sinon des centaines, qui subissent et périssent dans un total anonymat. Voilà pourquoi de bonnes lois valent toujours mieux qu’une bonne pub, même sur les réseaux sociaux !

Ce même mercredi, au Maroc, la société civile semblait, par contre, très déçue par une décision de justice, dans une affaire de viol.

Elle protestait, en effet, devant le Palais de justice de Rabat, contre les peines dérisoires infligées aux violeurs et assassins d’une enfant de 11 ans. Alors que la loi dit que le viol sur mineur est puni de dix à vingt ans de prison, les agresseurs s’en sont sortis avec seulement deux ans de prison ferme. Ces manifestants demandaient que soit mis en place un code de l’enfant, pour encadrer les décisions de violence sexuelle sur mineurs. Pour eux, ce verdict clément envoie un encouragement, un signal d’impunité totale aux violeurs et autres pédocriminels.

Pour l’une des têtes d’affiche de cette manifestation, ces peines dérisoires marquent un mauvais usage de la marge d’appréciation laissée au juge pour cerner quelques cas particuliers. Aussi, voudrait-elle, désormais, un moyen pour contraindre les magistrats marocains à infliger des peines plus lourdes aux pédocriminels. Au micro de Nadia Ben Mahfoudh, elle a donc demandé que le jugement soit revu, et le code pénal, modifié.

À Clémentine Pawlotsky qui l’interrogeait, Khaoula Assebab, présidente de l’association Jossour forum des femmes marocaines, répond : « On a eu beau travailler sur les lois, sur leur changement, il faut travailler davantage sur l’application des lois et sur le durcissement des sentences. Pour ne pas laisser de marge au juge pour alléger à ce point la peine, face à un crime aussi atroce. » Et de rappeler que, dans cette affaire, trois adultes ont, sur une période de huit mois, violé une petite fille de 11 ans, l’ont mise enceinte. Et elle a accouché ! Des faits sans équivoque !

Que disent ces deux verdicts, diamétralement opposés, des viols, en Guinée et au Maroc ?

Rien de définitif, ni dans un sens, ni dans l’autre. À la limite, la relative célérité de l’aspect judiciaire du drame de M’mah Sylla tient davantage à la publicité qui lui a été faite par les réseaux sociaux qu’à une quelconque conscience nationale. La société civile, au Maroc, est même mieux structurée, mieux organisée qu’en Guinée, pour aider à enrayer le viol, qu’il faut bien qualifier, ici, de tare !

Pour le reste, il faut apprendre aux jeunes garçons à respecter leurs petites camarades pour, plus tard, savoir séduire la femme, plutôt que de la rudoyer, lui plaire, la respecter, comme chaque homme, sa mère, ses sœurs, sa compagne.

Mais, comme il serait difficile, pour les jeunes hommes, d’être dans des rapports de tendresse et de séduction avec la femme, si leurs propres dirigeants politiques, hommes, sont rustres et manquent de finesse avec les femmes, qu’ils traitent comme les accessoires de leur pouvoir, qui s’achètent, se jettent, se changent, sans égard, sans aucun respect. Des objets !

Par :Jean-Baptiste Placca