19 avril 2024

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Assamaka Niger migrants

Maliens, Guinéens, Ivoiriens, Syriens, Bangladais…

Niger : situation critique à Assamaka, une situation sans précédent qui exige une réponse humanitaire d’urgence de la part de la CEDEAO

Des milliers de migrants expulsés d’Algérie sont livrés à eux-mêmes dans le désert du nord du Niger, et sont privés d’abris, de soins de santé, de protection et de produits de première nécessité, a déclaré Médecins Sans Frontières (MSF).

Entre le 11 janvier et le 3 mars 2023, 4 677 personnes sont arrivées à pied à Assamaka, une ville de la région d’Agadez en plein désert. Moins de 15 % d’entre elles ont pu bénéficier d’un abri ou d’une protection à leur arrivée dans le centre de transit d’Assamaka.

MSF appelle la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à prendre ses responsabilité pour aider les personnes qui le souhaitent à rentrer dans leur pays d’origine.

Le Centre de Santé Intégré (CSI) d’Assamaka, appuyé par MSF, est débordé tandis que des milliers de migrants cherchent à s’y abriter. « La situation est préoccupante », déclare Schemssa Kimana, coordinatrice de terrain de MSF à Agadez. « La majorité des personnes récemment arrivées à Assamaka se sont installées dans l’enceinte du centre de santé, en raison du manque d’espace dans le centre de transit, c’est une situation tout à fait inédite. » Les personnes dorment dans tous les recoins de l’établissement. Certaines ont installé des tentes de fortune à l’entrée ou dans la cour. D’autres campent devant la maternité, sur le toit ou dans la zone de déchets.

Une situation sans précédent qui exige une réponse humanitaire d’urgence de la part de la CEDEAO

« Il s’agit d’une situation sans précédent qui exige une réponse humanitaire d’urgence de la part de la CEDEAO, d’où provient la majorité de ces personnes », déclare Jamal Mrrouch, chef de mission de MSF au Niger. « Les conditions de vie sont intenables. La santé de milliers de migrants – y compris des enfants – est à risque. Ces personnes ne peuvent pas rester sans assistance au milieu du désert. »

“Du bétail”

Les autorités algériennes ont expulsé 2 852 migrants entre le 23 février et le 5 mars. Les exilés ont été abandonnés en plein désert, à plusieurs kilomètres de la frontière nigérienne, sans eau ni nourriture. Parmi eux, des femmes et des enfants.

Maliens, Guinéens, Ivoiriens, Syriens, Bangladais… Après 15 km de marche dans le désert, les expulsés découvrent un nouveau purgatoire.

“Quand on est arrivés ici, on nous a dit qu’on ne nous reconnaît pas en tant que migrant de l’OIM et donc, qu’on n’a qu’à payer notre transport pour rentrer au pays”, s’insurge Abdoul Karim Bambara, un Ivoirien.

A Assamaka, les citernes d’eau sont vides, les rations insuffisantes et les abris trop rares, alors que la température frôle parfois les 48 degrés le jour.

“Nous sommes tous traumatisés.Les gens n’arrivent pas à se contrôler, ça ne va pas dans leurs têtes, rien ne va ici !Les gens meurent !” enrage Aboubacar Cherif Cisse, originaire de Sierra Leone.

Les 1.500 habitants d’Assamaka sont submergés par ce voisinage incontrôlable.”Ils sont là partout dans le village, vers le centre de santé, sous les murs”, s’inquiète François Ibrahim, représentant de l’ONG locale Alarme phone Sahara, qui apporte les premiers au secours aux migrants dans le désert.

Les migrants “volent les animaux de la population pour les égorger.Ce n’est pas parce que ce sont les voleurs, mais quand le ventre a faim…”, déplore-t-il.

Le nombre de migrants rejetés aux portes du Niger ne cesse d’augmenter depuis le début de l’année.Une situation “sans précédent” selon Médecins sans frontières.

Située au nord du Niger, la région d’Agadez paye le prix d’une relative stabilité.”L’axe Assamaka-Arlit est le plus sécurisé, c’est pour cela que tous les flux migratoires sont orientés de ce côté”, souligne le maire d’Arlit, Abdourahamane Maouli.

Or les aides internationales sont mobilisées ailleurs par d’autres crises sécuritaires et humanitaires.Le principal bailleur de l’OIM dans la région est l’Union européenne, qui finance à ce titre l’essentiel des vols ramenant les migrants dans leurs pays d’origine. 

Pour Alarme phone Sahara, “l’OIM joue un rôle clé dans la politique d’externalisation des frontières sur le sol africain par les États de l’Union européenne”, soucieux d’éloigner la pression migratoire du Vieux Continent.

SOURCE MÉDIAS