28 mars 2024

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Neuf morts dans des troubles au Sénégal

Un manifestant à Dakar le 1er juin 2023. — © JOHN WESSELS / AFP

Neuf morts dans des troubles au Sénégal après la condamnation de l’opposant Sonko

L’opposant sénégalais Ousmane Sonko a écopé jeudi de deux ans de prison ferme, de quoi compromettre sa candidature à la présidentielle de 2024. Sans attendre son arrestation, des heurts sanglants ont éclaté à Dakar et dans plusieurs villes

Neuf personnes ont été tuées jeudi au Sénégal dans les violences qui ont éclaté après la condamnation à deux ans de prison ferme de l’opposant Ousmane Sonko, candidat à la présidentielle de 2024 et plus que jamais menacé d’inéligibilité.

«Nous avons constaté avec regret des violences ayant entraîné des destructions sur des biens publics et privés et, malheureusement, neuf décès à Dakar et à Ziguinchor» (sud), a dit le ministre de l’Intérieur Antoine Diome dans un court message diffusé par la télévision nationale dans la nuit.

Il a aussi confirmé que les autorités avaient restreint l’accès aux réseaux sociaux, ce qui a été constaté par exemple pour Facebook, WhatsApp ou Twitter. «Ayant constaté sur les réseaux sociaux la diffusion de messages haineux et subversifs, l’Etat du Sénégal en toute souveraineté a décidé de suspendre temporairement l’usage de certaines applications digitales», a-t-il dit. Il a appelé au calme et assuré que l’Etat prenait «toutes les mesures» de sécurité nécessaires.

Le service de surveillance d’internet Netblocks a dit dans un message à l’AFP observer une «situation (qui) ressemble à celle observée en 2021». Le Sénégal avait alors été en proie à des émeutes meurtrières, qu’une interpellation d’Ousmane Sonko avait déjà contribué à déclencher.

Champ de bataille

Mais, après deux ans d’une confrontation avec les autorités qui a tenu en haleine le pays, il peut désormais être arrêté «à tout moment», a dit à des journalistes le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall. Sans attendre une telle arrestation, les troubles redoutés avant le délibéré ont éclaté à Dakar et dans plusieurs villes.

L’université de Dakar a pris des airs de champ de bataille. Des groupes de jeunes ont affronté à coups de pierres les policiers ripostant avec des gaz lacrymogènes. Plusieurs cars de la faculté de médecine, du département d’histoire et de la principale école de journalisme du pays ont été incendiés et des bureaux saccagés.

En dehors de ces foyers de violence, les rues de Dakar ont été désertées. Des affrontements et des saccages de biens publics, de magasins et de stations essence ont été rapportés à Dakar et dans sa banlieue, mais aussi à Ziguinchor (sud), où plusieurs personnes ont été tuées, à Mbour et Kaolack (ouest) ou Saint-Louis (nord).

Ousmane Sonko n’a cessé de nier les accusations en criant à la machination du pouvoir pour l’écarter de la présidentielle. «Ce verdict sur commande est l’ultime étape du complot ourdi par Macky Sall et ses sbires», a réagi dans un communiqué le parti d’Ousmane Sonko, Pastef, qui a appelé les Sénégalais à «descendre dans la rue» et les forces de l’ordre à se joindre à eux.

Bras de fer

La patronne du salon de beauté Sweet Beauté, Ndèye Khady Ndiaye, a été également condamnée à deux ans de prison ferme pour incitation à la débauche, mais acquittée de complicité de viols. «Nous sommes satisfaits de la culpabilité de Sonko», a dit à la presse Me El Hadji Diouf, avocat d’Adji Sarr. Mais 20 millions de FCFA (29 000 francs) de dommages et intérêts, c’est peu pour les «souffrances» qu’elle a endurées, a-t-il déploré.

L’éligibilité d’Ousmane Sonko est déjà compromise par une récente condamnation à six mois de prison avec sursis pour diffamation contre un ministre. «Que tous les Sénégalais le sachent: Ousmane Sonko ne peut plus être candidat», a dit un de ses conseils, Me Bamba Cissé.

Le Temps avec l’AFP