23 avril 2024

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Houka-Houka-Ag-Alhousseini

Mali : 37 organisations de la société civile contre la distinction de Houka Houka Ag Alhousseyni

Mali : La réhabilitation de Houka Houka, président du Tribunal islamique à Tombouctou en 2012

Quelques jours après la distinction de Houka Houka Ag Alhousseyni,  lors de la journée des légitimités traditionnelles, près d’une quarantaine d’organisations de la société civile s’oppose. Elles estiment que la distinction de ce juge islamique sape les efforts de lutte contre l’impunité et constitue un déni des droits des victimes de la crise

 Dans un mémorandum, ces organisations de la société civile malienne  appellent  à l’annulation de cette «reconnaissance » et à la mise à disposition  du juge Houka Houka Ag Alhousseyni  à la justice malienne pour qu’il soit inculpé. Pour cause, elles  estiment  que  cet ancien commissaire islamique d’Ansar Eddine à Tombouctou demeure  toujours poursuivi par la justice malienne pour des faits de crimes de guerre, crimes contre l’humanité… perpétrés pendant la période d’occupation de Tombouctou.

La réhabilitation de Houka Houka

Cette distinction suscite aujourd’hui  la colère des 37 associations de la société civile impliquées dans la défense des droits humains.

« Nos organisations estiment que cet acte du Gouverneur de Tombouctou est contraire au principe de l’état de droit et constitue une atteinte à la mémoire des victimes. Cet acte est de nature à commémorer les bourreaux au moment où les victimes attendent désespérément que des procès soient organisés »,  protestent les signataires du document,  insistant que «  Houka Houka est toujours poursuivi pour des crimes du droit international, imprescriptibles, notamment pour des faits de mariage forcé, esclavage sexuel, de viols, de tortures, d’extorsions de fonds à Tombouctou, constitutifs de crime de guerre et crimes contre l’humanité ».

La société civile reproche aux autorités  d’inaction contre la spirale de l’impunité dans lequel le pays est plongé depuis au moins une décennie.  Ainsi, elle a interpellé  la justice malienne  pour qu’elle enquête véritablement sur les violations graves des droits humains, gage d’une paix durable et de reconciliation.

Toujours déplorant l’impunité dont bénéficie Houka Houka Ag Alhousseiney, elles  rappellent la dernière lettre en date du 26 octobre 2022 qu’il a adressé au Gouverneur de la Région de Tombouctou et aux autorités scolaires en sa qualité de Cadi  sur  les conditions  pour la réouverture des écoles ». Il  faut noter que dans cette lettre, il demande la séparation par une barrière des rangées des filles et garçons dans les classes  et que les cours  soient dispensés en Arable, sur l’étude du Coran aux  filles  et aux garçons par les enseignants du même sexe.

Pour l’Association de défense des droits de l’Homme, « ce discours viole la constitution malienne et le droit international des droits de l’Homme qui prônent la laïcité de l’enseignement public et l’égalité des sexes et pourrait saper tous les efforts des autorités dans le cadre de la lutte contre la radicalisation ». 

En mars 2015, plusieurs organisations ont porté  plainte avec constitution de parties civiles pour le compte de 33 victimes présumées de violences sexuelles commises à Tombouctou qualifiées de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Houka Houka est identifié avec plusieurs membres d’Ansar Eddine et d’AQMI, Abou Tourab, Sanda Ould Boumama, Mohamed Ag Mosa, Abou Talha, Ali Demba comme  des présumés responsables. Les faits qui lui sont reprochés, n’ont pas empêché le gouvernement du Mali a procédé le 15 août 2014 à sa libération ainsi qu’à celle de 42 éléments des groupes armés présumés auteurs de graves violations de droits humains et inculpés par la justice malienne, contre 45 éléments des forces armées et de sécurité capturés par les groupes armés lors des combats du 23 mai 2014 à Kidal.

Par Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net