20 avril 2024

leun2trois.com

Comprendre pour informer pour rendre compte de ce qui se passe dans le monde

Pap Ndiaye, ministre de l'éducation (Illustration). — Clement Tissot-SIPA

Pap Ndiaye, ministre de l'éducation (Illustration). — Clement Tissot-SIPA

Lycée Angela Davis de Saint-Denis : Pécresse veut changer le nom , Pap Ndiaye refuse

Valérie Pécresse invoque les « prises de position récentes d’Angela Davis sur la France ». La militante américaine en avait critiqué la « mentalité coloniale ».

Le ministre de l’Éducation est fixé sur ses positions. Pap Ndiaye s’est prononcé, dans un courrier, pour que le lycée Angela-Davis de Saint-Denis garde son nom, s’opposant à la présidente de l’Île-de-France, Valérie Pécresse, qui veut le changer.

« Il ne me paraît pas opportun de changer le nom du lycée Angela-Davis », « une grande figure du mouvement pour les droits civiques, dont personne n’est obligé de partager tous les points de vue mais qui peut cependant figurer sur les frontons de nos écoles », écrit le ministre, saisi par Valérie Pécresse sur le sujet.

VALÉRIE PÉCRESSE – LES RÉPUBLICAINS

Valérie Pécresse est née le 14 juillet 1967 à Neuilly-sur-Seine (92). Diplômée de HEC en 1988, elle intègre l’ENA, dont elle sort deuxième en 1992 puis enseigne le droit constitutionnel à l’IEP de Paris jusqu’en 1998.

Lors de ses débuts en politique, elle est d’abord approchée par Lionel Jospin, mais préfère rejoindre Jacques Chirac.
Elle rallie l’UMP en 2002, avant de devenir ministre de l’Enseignement supérieur, puis du Budget dans le gouvernement de François Fillon.

Fin mars, l’ex-candidate LR à la présidentielle avait refusé d’entériner ce nom, pourtant choisi dès 2018 par le conseil d’administration du lycée et validé par le maire de l’époque, en raison de « prises de position récentes d’Angela Davis sur la France ». Si le personnel du lycée et la mairie ne trouvent pas de nom alternatif sous deux mois, Valérie Pécresse proposera en juin au conseil régional, qui a autorité sur les lycées, d’entériner le nom de Rosa Parks, a-t-elle répondu dans un communiqué publié mercredi.

Une tribune problématique

En 2021, l’universitaire américaine, aujourd’hui âgée de 79 ans, avait cosigné une tribune fustigeant la « mentalité coloniale (qui) se manifeste dans les structures de gouvernance de la France, en particulier vis-à-vis des citoyens et des immigrés racisés, comme en témoignent des mesures comme la dissolution du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France) » ou « la loi contre le port du voile ».

« Beaucoup de noms d’écoles et d’établissements scolaires puisent, et depuis longtemps, dans un vaste éventail de références qui ne font pas nécessairement “consensus” », relève le ministre de l’Éducation en citant les écoles Karl-Marx ou Youri-Gagarine. De plus, « de très nombreuses écoles et établissements portent déjà le nom d’Angela Davis », ajoute Pap Ndiaye, pour qui « le nom de l’établissement » de Saint-Denis est aussi « entré dans l’usage ». Le ministre, enseignant-chercheur de formation et spécialiste de l’histoire sociale des États-Unis et des minorités, souligne l’« attachement profond » pour la France d’Angela Davis, dont le séjour à Paris en 1963 « fut décisif dans son engagement politique ultérieur ».

Pap Ndiaye « choisit de botter en touche » et « détourne les yeux des problèmes aigus de respect de la laïcité rencontrés dans certains de nos établissements scolaires, y compris, par le passé, dans le lycée en cause », estime Valérie Pécresse. « Le “pas de vague” l’emporte sur la protection de nos idéaux républicains », déplore l’élue de droite.

Par V.P. avec AFP