28 mars 2024

leun2trois.com

Comprendre pour informer pour rendre compte de ce qui se passe dans le monde

SORTONS DE LA FRANÇAFRIQUE

Le sommet de Montpellier marque un tournant pour les sociétés civiles africaines et françaises

Il faut être honnête et reconnaître que la Françafrique est l’héritage de notre rencontre coloniale avec la France.

L’héritage de cette rencontre coloniale a abouti aux dilemmes existentiels auxquels l’Afrique francophone et la France sont encore confrontées aujourd’hui; et c’est l’intégrité intellectuelle et le courage du Pr. Achille Mbembe, non seulement de le reconnaître, mais également d’essayer de faire quelque chose à propos des hypothèses de refondation non examinées qui peuvent changer cette relation.

En effet, nous devons être honnêtes et admettre que nous n’avons aucune hauteur morale et descendons donc de nos grands chevaux pour accorder au président Emmanuel Macron le bénéfice du doute, étant le premier président français né après l’indépendance des colonies françaises d’Afrique et surtout un président qui ose aussi défier une institution corrompue et antidémocratique encrassée dans des décennies de reproduction affairiste et brutale assise sur la domination humaine comme un principe de fonctionnement de base.

Du côté africain, étant d’anciens colonisés de la France, nous n’avions pas beaucoup d’autre choix que d’être éduqués en français pour devenir des citoyens productifs, fonder une famille et vivre une vie significative et épanouissante. Certains d’entre nous, comme le professeur Achille Mbembe, ont eu un succès personnel en le faisant, mais nous devons reconnaître que ce n’était pas un succès collectif.

Nous devons tout aussi reconnaître que toutes les politiques de développement et de modernisation ont abouti à un échec catastrophique; et c’est parce qu’elles ont conduit à l’autocratie, à la kleptocratie et à la suppression brutale de la dissidence sur laquelle Pr. Achille Mbembe a abondamment écrit et réfléchi.

Il est donc urgent que toutes les personnes de bonne foi cherchent des alternatives. Faire les mêmes choses et s’attendre à des résultats différents est la définition classique de la folie. Ce faisant, ils deviennent sans surprises des cibles visibles et faciles des partisans lâches du statu quo qui préfèrent les attaquer bassement plutôt que de s’affronter le gâchis corrompu auquel nous devons faire face pour obtenir une vraie liberté des deux côtés.

Ne faisons pas un mauvais procès à Achille Mbembe

L’écrivain et universitaire Achille Mbembe était légitimement à sa place dans ce sommet Afrique-France, qui a affiché la volonté de reconfigurer une vieille relation plombée par tant de ressentiments et de souffrances en Afrique.

Le rapport qu’il a remis à cet égard à l’actuel locataire de l’Élysée est non seulement très attendu mais aussi un repère sur lequel nous nous appuierons désormais pour mettre Paris face à ses responsabilités et surtout ses multiples contradictions sur le continent.

C’est en cela que le sommet de Montpellier marque un tournant pour les sociétés civiles africaines et françaises en les amenant symboliquement toutes deux sous l’égide de l’arbre à palabres africain pour régler ensemble notre relation compliquée et singulièrement abîmée.

Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P