19 avril 2024

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Le magnat franco-israélien Beny Steinmetz

©STEFAN WERMUTH, AFP

Le magnat franco-israélien Beny Steinmetz de retour face aux juges genevois

Le magnat franco-israélien Beny Steinmetz, condamné en 2021 par la justice suisse pour corruption dans un dossier de droits miniers en Guinée, fait son retour lundi devant un tribunal genevois pour son procès en appel.

A 66 ans, l’homme d’affaires, qui a fait fortune dans l’industrie du diamant et vit en Israël, a obtenu un “sauf-conduit” pour se rendre à son nouveau procès, un document l’assurant de pouvoir quitter librement la Suisse à l’issue de la semaine et demie d’audience. Le verdict sera connu ultérieurement.

En janvier 2021, le tribunal correctionnel de Genève l’avait condamné à cinq ans de prison ferme et à verser 50 millions de francs suisses (52 millions d’euros) pour “corruption d’agents publics” en Guinée.

“Nous attendons que le Tribunal reconnaisse que Beny Steinmetz n’a corrompu personne”, a déclaré à l’AFP son avocat Me Daniel Kinzer, dans un courriel.

Un examen plus approfondi de l’affaire révèle “un tableau totalement différent de celui dépeint par le premier verdict”, a-t-il indiqué.

Le premier procès était l’aboutissement d’une longue enquête internationale ouverte en 2013 portant sur des permis miniers octroyés en Guinée au Beny Steinmetz Group Resources (BSGR), dans lequel M. Steinmetz avait le titre de conseiller.

Le parquet genevois l’accuse d’avoir mis en place un montage financier via des sociétés-écran afin de verser environ 10 millions de dollars de pots-de-vin à la quatrième épouse de l’ancien président guinéen Lansana Conté (décédé en 2008), Mamadie Touré, afin que BSGR obtienne des droits miniers en Guinée.

Mme Touré a affirmé avoir reçu des versements et est depuis protégée par la justice américaine. Elle ne s’est pas présentée au procès en 2021, auquel elle avait été convoquée comme témoin par la défense.

Beny Steinmetz, qui résidait à Genève lorsque les faits qui lui sont reprochés se sont déroulés, a assuré n’avoir “jamais” demandé à quiconque de verser des fonds à Mme Touré, et l’a accusée de raconter des “mensonges”.

“Les droits miniers ont été retirés à un concurrent parce qu’il les thésaurisait, puis attribués à BSGR sur la base d’un dossier commercial solide et convaincant, sans qu’il soit nécessaire de corrompre un agent public”, a indiqué Me Kinzer.

Deux des partenaires d’affaires de M. Steinmetz, un Français et une Belge condamnés dans ce même dossier à des peines de prison plus courtes, ont également fait appel. 

– “Totalement faux” –

En vue du nouveau procès, M. Steinmetz a remanié son équipe juridique, qui entend montrer que le tribunal de première instance n’a pas pleinement entendu les arguments de la défense et a mal compris les faits.

Son équipe juge “totalement faux” de parler de corruption. Dans un document, elle assure que BSGR a obtenu les droits miniers en Guinée en toute légalité et que le groupe Rio Tinto a perdu ses droits miniers à Simandou car il n’exploitait pas le site.

Le parquet genevois a en revanche évoqué un “pacte de corruption” entre M. Steinmetz, ses représentants en Guinée, l’ancien président Conté et Mamadie Touré.

BSGR a obtenu en 2008, peu avant la mort de l’ancien président guinéen Lansana Conté, le droit d’explorer les blocs 1 et 2 de l’un des plus importants gisements de fer au monde à Simandou, où il a investi 170 millions de dollars. La société a revendu 51% de ses parts au groupe brésilien Vale, pour 2,5 milliards de dollars, en 2010.

Selon le parquet genevois, Beny Steinmetz aurait promis dès 2005, puis versé ou fait verser, de 2006 à 2012, des pots-de-vin, dont certains auraient transité par des comptes suisses, à Mamadie Touré, afin que BSGR supplante le groupe anglo-australien Rio Tinto dans les blocs 1 et 2 de la mine.

Suite à son élection en 2010, le président Alpha Condé a remis à plat tous les permis miniers accordés par son prédécesseur, annulant notamment en 2014 les droits de BSGR.  

Début 2019, BSGR et la nouvelle présidence guinéenne sont parvenus à un accord convenant que la société renonce aux droits sur Simandou en échange d’un abandon des poursuites pour corruption. Cet arrangement n’a pas mis fin aux poursuites du parquet genevois.

AFP