25 avril 2024

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Carlos Lopes l'Afrique est l'avenir du monde

L’Afrique est-elle l’avenir du monde ?

Pour l’économiste bissau-guinéen, professeur à l’université du Cap (Afrique du Sud), le continent est au coeur des enjeux de demain. Et l’innovation sera son moteur.

Dans cette émission, Denise Époté reçoit Carlos Lopes, ancien secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).

Il aborde les sujets notamment :

  • Le poids de l’Afrique dans l’innovation technologique.
  • Le débat sur le rôle de l’Afrique dans les grandes évolutions du monde à venir.
  • Les perspectives africaines face à la transition climatique.
  • Les défis et solutions pour l’avenir de l’Afrique et du monde.
  • La place du continent africain dans l’évolution démographique mondiale.

Écoutez :

Alors, votre affirmation selon laquelle l’Afrique est l’avenir du monde est à l’opposé de celle que tiennent certains économistes qui estiment que les indicateurs sur le continent, notamment les taux de croissance, sont illusoires. Alors qui croire ? Vous ou eux ? Carlos Lopes,professeur à l’université du Cap, ancien secrétaire exécutif de la CEA : Commission économique pour l’Afrique. Moi, je crois que c’est facile de faire la démonstration comme je l’ai fait dans le livre, que les trois méga tendances mondiales, la démographique, la climatique, la technologie, dépendent en grande partie de ce qui va se passer en Afrique. D’abord parce que nous vivons dans le continent une transition démographique où les taux de fertilité sont en train de baisser lentement, plus lentement que dans le reste du monde, au moment même où l’ensemble de la planète vit un vieillissement, ce qui va placer cette transition, dans un contexte complètement différent de tout ce qu’on a vu, vécu jusqu’à maintenant historiquement. Et une des conséquences, c’est que la jeunesse africaine devient l’avenir du monde, puisque depuis un certain nombre de décennies, on attendait que le vieillissement soit plus lent, et c’est le contraire qui est en train de se passer. Pour ce qui est du climat, c’est un peu le même phénomène. Nous ne pouvons pas envisager un monde où il y a une transition écologique, notamment une transition climatique, avec les modèles du passé. Donc il va falloir innover, il va falloir faire différemment. Et les retardataires ont un avantage : ils n’ont pas besoin de passer par les mêmes étapes que ceux qui les ont précédés. Donc nous avons beaucoup d’avantages pour cette transition. Et pour ce qui est des technologies, normalement, les gens mettent beaucoup de poids sur l’innovation, sur le fait que la propriété intellectuelle est contrôlée par un certain nombre de pays, donc la valeur associée à ces logiciels, à cette capacité, dépend d’un écosystème qui n’existe pas en Afrique, avec des compétences qui n’existent pas en Afrique. Par contre, ils oublient très souvent que plus on intensifie la technologie dans les produits, plus ils sont appellatifs à des jeunes plutôt qu’à des vieux. C’est clair que les vieux ne vont pas utiliser des technologies très avancées pour des raisons évidentes. Donc la jeunesse étant en Afrique, elle est indispensable pour la consommation. Ce qu’il faut par contre, c’est que les marchés africains, les pays africains ne soient pas dépendants seulement de la consommation de produits fabriqués par d’autres, qu’ils ne soient pas nécessairement portés sur une démographie qui ne prend pas en compte la mobilité humaine et qu’ils soient capables aussi de faire partie des solutions pour les changements climatiques plutôt que d’être seulement dans les niveaux de l’adaptation. Et donc c’est ces transitions de grande envergure qui vont définir un peu l’avenir du monde.

Denise Epoté journaliste