24 avril 2024

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Présidentielle 2022

Débat Macron-Le Pen : ce qu’il faut retenir du face-à-face pour la présidentielle 2022

Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont échangé durant deux heures et demie, en direct sur TF1 et France 2, ce mercredi soir.

Vu de l’étranger. Débat de l’entre-deux-tours : avantage à Macron, Le Pen résiste

Après le débat “tendu mais cordial” de mercredi soir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, la presse internationale donne l’avantage au président sortant, même si la candidate d’extrême droite, “beaucoup mieux préparée”, a évité le “désastre” de 2017.

“Certains avaient prédit un débat au goût de tisane”, ironise Le Soir“Il n’en a rien été. Les deux finalistes de la présidentielle ne se sont pas épargnés”. Pour le quotidien bruxellois, “c’est le président sortant, largement dominant sur le fond, qui s’est montré le plus mordant, mettant régulièrement, comme en 2017, son adversaire en difficulté. Évitant l’humiliation totale comme il y a cinq ans mais sans s’empêcher souvent de lui faire à nouveau la leçon.”

“La confrontation présentait des défis pour les deux candidats”, analyse The Guardian“Le Pen ne pouvait se départir d’un sourire narquois et semblait se moquer de Macron quand il parlait, tandis que Macron n’est pas parvenu à se débarrasser de son habitude d’expliquer sa politique en détail, comme un principal de lycée.”

Mais le quotidien britannique estime qu’après sa “désastreuse performance au débat présidentiel de 2017, Le Pen était cette fois-ci beaucoup mieux préparée. On lui avait conseillé d’endosser les habits de mère de la nation – un conseil qu’elle avait refusé d’écouter en 2017”.

Le Washington Post considère pour sa part que “Macron avait peut-être le plus grand défi à relever” car sa position de “président sortant l’exposait davantage à la critique qu’il y a cinq ans”. Il devait donc “défendre son bilan” en “réfutant les critiques” de Marine Le Pen, sans pour autant donner l’impression de “mépriser les sujets qui comptent pour les électeurs. Il n’y est pas toujours parvenu.”

Arrogance

De fait, pour Emmanuel Macron, “le piège de l’arrogance n’a été que partiellement évité”, juge Le Temps. “Bras croisés, énervé, prenant souvent une pose ironique au risque d’apparaître méprisant, se frottant souvent les mains ou se tenant le menton, le chef de l’État français a sans cesse ramené son adversaire aux mesures qu’elle propose, pointant du doigt son programme, posé devant lui.”

Mais face à lui, Marine Le Pen, “que l’on attendait offensive sur le quinquennat du président, est restée indécise et n’a pas convaincu, laissant une grande partie de l’initiative à Macron”, estime La Stampa.

Pour Marc Lits, professeur à l’université catholique de Louvain et spécialiste en communication et politique, la balance a penché en faveur du président sortant. “J’aurais tendance à dire qu’Emmanuel Macron a gagné, dans la mesure où il a été plus incisif, voire agressif. Il ne laissait rien passer”, écrit-il dans les colonnes de La Libre Belgique.

“Ce n’est toutefois pas une victoire par K.-O., comme cela avait été le cas il y a cinq ans, nuance-t-il. À l’époque, Marine Le Pen s’était effondrée. Cette fois-ci, elle a pu tout de même résister, même si elle était plus souvent sur la défensive, alors que lui était plus souvent dans l’attaque.”

Deux France

Favorable à l’interdiction du voile dans l’espace public pour «libérer les femmes» des «islamistes», Marine Le Pen a provoqué une vive réaction de son adversaire. Emmanuel Macron l’a accusée tour à tour de vouloir «créer la guerre civile», de proposer «une trahison de l’esprit français» et de «pousser une partie de nos compatriotes hors de l’espace public». «Vous n’avez pas lu ma loi», a répliqué Marine Le Pen. Réponse d’Emmanuel Macron, du tac au tac : «Non, mais j’ai lu la Constitution». La candidate du RN a assuré ne pas «mener de guerre» contre l’islam, assurant que sa proposition vise à «défendre la République» ; «l’égalité entre les hommes et les femmes» ; et la laïcité. Ces derniers jours, elle avait toutefois esquissé une inflexion à ce sujet, qu’elle a démentie mercredi soir.

Accrochage sur le rôle et la représentativité de l’Assemblée

Ils ont tous les deux placé les institutions au cœur de leur projet. Dans une France en crise, Marine Le Pen a enjoint Emmanuel Macron d’«utiliser plus souvent» le Parlement après l’avoir négligé, selon elle, durant le quinquennat. Exposant sa vision d’une «renaissance démocratique», la candidate a également défendu le recours à la proportionnelle et au référendum d’initiative citoyenne (RIC), notamment pour les modifications constitutionnelles. En face, le président sortant l’a accusée de vouloir «éradiquer le rôle de l’Assemblée». «Vous proposez de ne pas respecter la Constitution française», a-t-il ajouté, lui reprochant de «court-circuiter les représentants». «Le peuple est souverain. C’est à lui directement de pouvoir changer la Constitution», a vivement répondu la candidate. Et d’insister sur «le gouvernement du peuple, par le peuple ou pour le peuple», pour «offrir aux Français cette essence démocratique». Enfin, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont accordés sur le manque de représentativité de l’Assemblée nationale, plaidant tous les deux pour que la proportionnelle s’applique à l’élection des députés lors des législatives qui suivront celles des 12 et 19 juin prochains.

«On est beaucoup plus disciplinés qu’il y a cinq ans», relèvent Macron et Le Pen

Une parenthèse légère au milieu d’un sujet grave. Constatant leur égalité quasi-stricte de temps de parole au moment d’évoquer la laïcité, Emmanuel Macron est intervenu pour souligner dans un sourire : «On est beaucoup plus disciplinés qu’il y a cinq ans, Madame Le Pen»«On vieillit», lui a répondu sur le même ton la candidate du RN. Avant que le président sortant réplique, courtois : «Je crois que c’est factuel. Je serai très respectueux à votre égard : vous ça ne se voit pas, moi j’ai peur que ça se voit davantage».

El País reconnaît lui aussi que “Le Pen a résisté”. Mais le quotidien madrilène relève surtout que le président sortant a “renoncé à appliquer le qualificatif” de “candidate de l’extrême droite” à sa rivale. “Que Macron évite d’agiter la peur de l’extrême droite est significatif, et suggère peut-être que l’argument de la peur n’est plus suffisant pour attirer les électeurs.”

Sur le fond, le locataire de l’Élysée et la candidate d’extrême droite “étaient en désaccord sur presque tous les sujets, de la gestion de l’économie à la politique européenne, en passant par les mesures écologiques et la réforme des retraites”, remarque La Vanguardia – qui a également trouvé Emmanuel Macron “très agressif”.

Un avis partagé par le Wall Street Journal, qui souligne “le contraste” entre Marine Le Pen, “une nationaliste qui veut reprendre le pouvoir des mains de l’Union européenne (UE), et M. Macron, un champion de l’UE qui a cherché à mettre en valeur son expérience sur la scène mondiale”. Pour le quotidien économique américain, le débat “illustrait à quel point la France est devenue un pays profondément divisé sur son identité nationale et sa place dans le monde”.

C’est également la conclusion du Temps, qui ne voit aucune victoire nette de l’un ou l’autre des candidats, à l’issue des 2 h 45 de débat : “Ni vainqueur ni vaincu. Pas de dérapage. Rien de nouveau par rapport aux engagements de campagne. Deux France. Et au milieu, le gouffre qui sépare deux projets impossibles à réconcilier.”

Le Figaro ,

Pouvoir d’achat, prix de l’énergie : le président-candidat attaque son adversaire

C’est la préoccupation première des Français. Alors qu’ils exposaient leurs mesures pour le pouvoir d’achat, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont opposés sur les salaires. La candidate RN propose d’exonérer de cotisations patronales supplémentaires les employeurs qui rehausseraient le revenu de leurs salariés de 10%. «Vous n’administrez pas les salaires. (…) Je ne voudrais pas que nos compatriotes pensent que ce sera de manière sûre sur leur feuille de paie. (…) Je ne voudrais pas que celles et ceux qui nous écoutent pensent, qu’avec vous, leur salaire va augmenter de 10%», lui a rétorqué le chef de l’État sortant, rappelant que les hausses resteraient au bon vouloir des entreprises, et qu’elle se contenterait d’une «incitation». «Cela ne sera pas automatique», a-t-il ajouté. Silencieuse lors de l’échange, Marine Le Pen a ensuite précisé qu’elle maintiendrait en place, si elle était élue, le bouclier tarifaire érigé face à l’explosion des prix de l’énergie. Une annonce saluée par le président-candidat, qui a toutefois rappelé que la députée RN avait «voté contre» cette mesure à l’Assemblée nationale.

Guerre en Ukraine : «Vous dépendez du pouvoir russe», lance Macron à Le Pen

La guerre en Ukraine est devenue centrale dans la campagne. Au point qu’Emmanuel Macron a accusé sa concurrente de «dépendre du pouvoir russe» et «de Monsieur Poutine», en citant le prêt de 9 millions d’euros contracté en 2014 par le Front national (devenu Rassemblement national) auprès d’une banque russe, que le parti continue de rembourser. «Vous parlez à votre banquier quand vous parlez de la Russie, c’est ça le problème Madame Le Pen», a-t-il ajouté. La candidate RN s’est défendue de toute collusion avec le pouvoir russe, affirmant soutenir une «Ukraine libre». Elle a expliqué avoir été «obligée d’aller faire un prêt à l’étranger» face aux refus des banques françaises pour se financer. Avant de reprocher au président-candidat d’avoir enterré sa promesse de créer une «banque de la démocratie». «Nous sommes un parti pauvre, mais ce n’est pas déshonorant», a-t-elle conclu.

Source medias