16 avril 2024

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L’Afrique tient le choc

Crise : L’Afrique tient le choc

Un nouveau rapport de la Banque africaine de développement centré sur les données macro-économiques permet de mieux saisir ce qui attend les économies du continent. 

Il y a onze mois, tous les rapports économiques évoquaient les « gros nuages » qui menaçaient le continent. Et ils sont venus de tous les côtés : la persistance du choc économique dû à la pandémie de Covid-19, le ralentissement de la croissance, les impacts du changement climatique, l’inflation au plus haut depuis plus d’une décennie, et finalement la guerre en Ukraine. Si l’on pouvait redouter un « ouragan de famines » ou des troubles sociaux, toutes ces prédictions ne se sont manifestées que de façon marginale.

Voilà qu’en ce début d’année, les grandes institutions revoient à la hausse ou rectifient leurs prédictions de croissance. À commencer par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, qui ont annoncé que l’Afrique devrait globalement échapper à la récession mondiale avec une croissance du PIB certes en baisse, mais non loin des 4 % (3,7 %).

Un nouveau rapport de la Banque africaine de développement © PIUS UTOMI EKPEI / AFP

Des prévisions non loin de celles des économistes de la Banque africaine de développement, « la croissance moyenne estimée du produit intérieur brut (PIB) réel a ralenti, passant de 4,8 % en 2021 à 3,8 % en 2022, et devrait se stabiliser à 4 % en 2023-2024 », viennent-ils d’annoncer, saluant « la résilience économique des pays africains », malgré les incertitudes mondiales. C’était à l’occasion de la publication du tout nouveau rapport de la BAD, intitulé « Les performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique » et présenté ce jeudi 19 janvier au siège de l’institution à Abidjan, en Côte d’Ivoire.

Des économies africaines résilientes

Alors que la BAD indique également que « l’inflation moyenne des prix à la consommation a augmenté de 0,9 point de pourcentage pour atteindre 13,8 % en 2022, contre 12,9 % en 2021 », et que « 15 millions de personnes supplémentaires sont tombées dans l’extrême pauvreté en Afrique » à cause de la hausse des prix mondiaux de l’énergie et des produits alimentaires en 2022, l’Afrique ne s’est pas désintégrée. Dans le détail, toutes les régions africaines ont connu une croissance en 2022 : l’Afrique centrale en tête, grâce aux cours favorables des matières premières (+ 4,7 %), devant l’Afrique du Nord (+ 4,3 %), l’Afrique de l’Est (+ 4,2 %), l’Afrique de l’Ouest (+ 3,8 %). L’Afrique australe est légèrement décrochée avec une croissance de 2,5 %, à cause notamment des faibles performances de l’Afrique du Sud plongée dans une grave crise énergétique alors que le pays est la locomotive de la sous-région. « Avec 54 pays à différents stades de croissance, différentes structures économiques et diverses dotations en ressources, les effets des chocs mondiaux varient toujours en fonction de la région et du pays, a pointé Akinwumi Adesina, le président de l’institution panafricaine, qui a présenté ce nouveau rapport devant un parterre de décideurs économiques et politiques avec l’ambition de fournir des données plus actualisées et qui reflètent au plus près la réalité du continent. Le ralentissement de la demande mondiale, le durcissement des conditions financières et la perturbation des chaînes d’approvisionnement ont donc eu des répercussions différentes sur les économies africaines », a-t-il poursuivi. 

Des pays qui retrouvent le chemin de la croissance

 Il est prévu que les cinq économies africaines les plus performantes de la période pré-Covid-19 connaissent une croissance de plus de 5,5 % en moyenne en 2023-2024 et retrouvent leur place parmi les dix économies les plus dynamiques du monde.

Ces pays sont le Rwanda (7,9 %), la Côte d’Ivoire (7,1 %), le Bénin (6,4 %), l’Éthiopie (6 %) et la Tanzanie (5,6 %). D’autres pays africains devraient connaître une croissance supérieure à 5,5 % au cours de la période 2023-2024. Il s’agit de la République démocratique du Congo (6,8 %), de la Gambie (6,4 %), de la Libye (12,9 %), du Mozambique (6,5 %), du Niger (9,6 %), du Sénégal (9,4 %) et du Togo (6,3 %). 

De bonnes perspectives qui font dire à l’économiste Jeffrey Sachs, directeur du Center for Sustainable Development (Centre pour le développement durable) de l’université de Columbia, que les économies africaines sont en pleine croissance et qu’elles progressent de manière constante. « L’Afrique peut et va atteindre une croissance de 7 % ou plus par an de manière constante dans les décennies à venir. Ce que nous verrons, en nous fondant sur la résilience que nous constatons dans ce rapport, c’est une véritable accélération du développement durable de l’Afrique, qui fera du continent la composante à croissance rapide de l’économie mondiale », a déclaré celui qui est également chargé par le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres de défendre les Objectifs de développement durable. « L’Afrique est l’endroit où il faut investir », a-t-il ajouté.

Par Le Point Afrique