Marquée par plusieurs incidents et tensions, la crise diplomatique entre le Mali et l’Algérie s’est effectivement aggravée ces derniers mois.
Fin décembre 2023, les deux pays ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs, signe d’une détérioration importante des relations diplomatiques1. Cette décision faisait suite à des accusations du Mali concernant des « actes inamicaux » et une « ingérence » de l’Algérie dans ses affaires intérieures1.
Des tensions sont également apparues à la frontière entre les deux pays. Une frappe de drone malienne près de la frontière algérienne en août 2023 a fait 21 morts civils, provoquant une vive réaction de l’Algérie qui a dénoncé cette action auprès de l’ONU.
D’autre part, selon Abdoulaye Maïga, en affirmant que les opérateurs de drones ne sont pas tenus de rendre des comptes, les officiels algériens « alimentent une campagne de désinformation contre le Mali, tout en insinuant que les forces de défense maliennes seraient incapables de piloter des drones ».
L’Algérie, principal médiateur de l’accord de paix de 2015 pour le nord du Mali, a vu son rôle remis en question. Le Mali a annoncé vouloir privilégier un « dialogue direct inter-malien », perçu par certains comme une remise en cause de l’accord d’Alger. Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a rappelé au ministre algérien des Affaires étrangères, que l’accord d’Alger est « bel et bien mort ». « Vos incantations ne serviront pas à le ressusciter », a-t-il ajouté.
L’implication croissante de la Russie au Mali, notamment via le groupe Wagner, est vue d’un mauvais œil par l’Algérie. Cela a contribué à détériorer les relations entre Bamako et Alger. Malgré ces tensions, des efforts de rapprochement semblent être en cours, l’ambassadeur algérien est retourné à Bamako début janvier 2024, signe d’une possible volonté de normalisation des relations. Cependant, la situation reste fragile et les désaccords de fond persistent entre les deux pays.
Au cinquième jour du débat général de l’Assemblée générale des nations unis, M. ABDOULAYE MAIGA, Vice-Premier Ministre, Ministre d’État et Ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation du Mali, en constatant « l’échec des forces internationales présentes au Mali depuis 2013 », le Mali a décidé de « reprendre son destin en main » en réorganisant de fond en comble ses Forces de défense et de sécurité, a expliqué le Ministre.
« Violenté, humilié, pillé et torpillé, abandonné en plein vol, poignardé dans le dos », le Mali s’est vu contraint d’élaborer une vision réaliste de la géopolitique en suivant un adage populaire bambara: « la succulence de la sauce des uns dépend du pillage des bovins des autres ». Ne souhaitant ni devenir des prédateurs –« barbares sans foi ni loi à la recherche des bovins d’autrui »– ni demeurer d’éternelles victimes, les Maliens ont choisi une voie médiane, veillant au respect de leur souveraineté tout en respectant celle des autres, a exposé le Ministre. Des principes et valeurs caractérisant, mutatis mutandis, les peuples frères burkinabé et nigérien, a-t-il ajouté.
ABDOULAYE MAIGA, a souligné que le Mali reste ouvert à tous les partenaires souhaitant l’aider à relever ses multiples défis. Cependant, il a précisé que le pays ne veut pas de partenariats qui pourraient remettre en cause sa souveraineté ou ses choix internes2. Le Mali a effectivement lancé une mise en garde ferme à l’Algérie lors de l’Assemblée générale de l’ONU à New York.
Le Mali cherche ainsi à diversifier ses partenariats militaires et diplomatiques pour faire face aux défis sécuritaires dans la région. le Colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement malien, a effectivement salué les « alliés sincères » du Mali dans sa lutte contre le terrorisme. Il a spécifiquement nommé quatre pays : l’Iran, la Russie, la Chine et la Turquie.
Le Mali a lancé une mise en garde ferme à l’Algérie lors de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Le Colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement malien, a adopté un ton particulièrement acerbe envers l’Algérie, accusant le pays voisin de servir de base arrière pour les terroristes et de s’ingérer dans les affaires internes du Mali.
Il a notamment déclaré : « Pour chaque balle tirée contre nous, nous réagirons par réciprocité, pour chaque mot employé de travers, nous réagirons par réciprocité »1. Cette mise en garde s’inscrit dans un contexte de crise diplomatique grandissante entre les deux pays. Cette escalade verbale lors d’une tribune internationale comme l’ONU marque une nouvelle étape dans la détérioration des relations entre Bamako et Alger, faisant craindre une potentielle escalade du conflit.
La rédaction afrique54